Alors que les années 1980 ont réservé leur lot de films d’exploitation plutôt sympas pour les vidéoclubs, elles ont aussi multiplié les fausses bonnes séries B, à l’image de ce « rape and revenge » ni fait ni à faire. Dans une tonalité proche de Angel, Les Rues de l’enfer met en scène une étudiante un brin rebelle qui prend les armes quand sa sœur sourde et muette est violée par une bande de quatre petites frappes. Malheureusement, cette plongée dans les nuits sordides de Los Angeles cumule les fausses notes pour finalement s’apparenter à un véritable nanar. Interprétation douteuse à tous les étages, personnages sans épaisseur, dialogues écrits avec les pieds, Les Rues de l’enfer ne tient jamais la route.
Le film se veut provocateur avec ses nanas à poil à tout va, ses dialogues graveleux et sa racaille sans moral, mais il parvient, au mieux, à arracher quelques sourires tant il est racoleur et jamais à la hauteur de ses modèles. En vengeresse, Linda Blair ne fait jamais illusion tant elle en fait des tonnes, mâchoire crispée et yeux plissés. Les petits voyous n’ont aucune envergure. Et, surtout, tout le monde fait n’importe quoi pour se faire violer, tuer ou prendre. Les mises à mort, enfin, n’interviennent que dans les dix dernières minutes, ce qui oblige les spectateurs à se cogner jusque-là les conversations débiles d’ados mal dégrossis ou bien une scène bien foireuse dans une boite de nuit squattée par cinquante personnes qui sont assis sur des chaises de camping.
Le film est sans budget et le réalisateur n’a pas suffisamment de talent pour masquer qu’il bosse avec trois bouts de ficelle. De nombreuses scènes et de sous-histoires n’ont ni queue ni tête (la rivalité, notamment, entre l’héroïne et une fille de sa classe pour un garçon qui ne joue aucun rôle dans l’histoire). Le doublage en français, qui en fait des caisses lui aussi, même quand les personnages semblent dire leur texte sur un filet de voix, finit par faire de l’ensemble un moment, au choix, de rigolade ou d’ennui profond.