Dans la famille cinéma bondissant et coloré, je demande le père et le fils. Car ce sont bien 2 rôles que le film réserve au fringuant Cuneyt Arkin, plus delonien que jamais, dans sa réinterprétation du héros national Battal Gazi. Et il faut bien un tel duo familial pour repousser cette étrange croisade occidentale en terre sainte de Turquie, pardon d'Anatolie. En effet, Sainte-Marie, une bonne sœur au surmaquillage peu catholique et toute drapée d'un noir tout vadorien, organise le recrutement des chevaliers les plus bigarrées de tout l'ouest méditerranéen : entre le Tazan des cavernes, le Chinois (c'est son nom) et le Viking roux fluo, le cœur du nanardeur balance, sans compter les adeptes d'armes traditionnelles à la rigueur historique indiscutable, tels que les assiettes crantées ou la masse-hache.
Accompagnés d'une horde de sbires à capuchons, nos croisés du christianisme massacrent, pillent et violent, accompagnant leurs méfaits de ricanements auto-satisfaits. Mais lorsque leur orgueil les conduit à s'en prendre au grand Battal Gazi et à sa famille, le film vire au rape and revenge par procuration (l'occasion de rappeler que la femme turque à la virginité souillée ne gardera son honneur que dans le suicide), le fiston Battal se décidant à émasculer tous les infidèles qu'il croisera, même s'il faut sautiller à travers tout le pays. Oui, Savulaun Batal Gezi Geliyor aurait pu s'appeler Trampoline Fury que ça n'aurait pas choqué.
Cuneyt Arkin se montre toujours aussi fantastique qu'à l'accoutumée : guerrier imbattable, amant exceptionnel, prosélyte-né (les quelques Chrétiens qui expriment leur critique du comportement des chevaliers se convertissent à l'Islam dès qu'il croise notre héros !), tacticien rusé (magnifique plan de substitution au cousin "maniéré" de Sainte-Marie), cascadeur impressionnant (surtout quand on voir un figurant se faire piétiner par un cheval), n'en jetez plus ! Sans la nécessité contractuelle d'offrir un spectacle de 90 minutes, l'intrigue pourrait être bouclée en un quart d'heure de tatane de félons infidèles. Savulaun Batal Gezi Geliyor offre ainsi un bodycount de taré, d'étonnantes scènes de femmes quasi-nues, un doublage et une sonorisation manifestement faits en studio et qui tranchent avec les grands espaces à l'écran (mais on retrouve le traditionnel "fiout" à tout faire des lancers de flèches) et in fine un divertissement nanar des plus plaisants, à recommander sans modération.