La boucle est bouclée. Sept ans que chaque année j'allais voir l'épisode annuel de Saw. Le premier m'avait scotché, tant il avait été une surprise. Une franchise était née et chaque film a part la suite apporté un morceau de plus au puzzle de cette saga.
Qu'en est il exactement de ce dernier ?
C'est du Saw dans sa plus simple expression. Des pièges, du sang, des morts. Dans le genre, c'est efficace, on grimace et détourne le regard, mais il n'y pas le petit frisson des premiers épisodes. Il n'y a qu'un étalage de violence. Tout ce qui me plaisait dans les premiers chapitres, le mystère entourant l'histoire, a disparu. Précédemment, au moins jusqu'au quatrième opus, il y avait toujours un petit quelque chose qui interpellait. La construction des films était ainsi faite qu'on se posait souvent des questions sur les interactions entre les personnages, ou sur la temporalité des évènements. Pour le septième volet, il n'en est rien, on est sur un rail et il n'y pas l'étincelle qui amène à l'élaboration d'hypothèses sur le pourquoi, le comment ou les conséquences. C'est sans grande surprise.
Dans le concept même des jeux, il y a également quelque chose de dérangeant. Saw a perdu son côté psychologique depuis la mort de Jigsaw. Lorsqu'il était aux commandes (ou du moins l'ingéniosité perverse de certains scénaristes), les jeux étaient ainsi conçus, que les victimes avaient toutes une chance de s'en sortir, certes petite et difficile à saisir, mais bien présente. Les twists finaux le révélaient souvent. En suivant les règles et en coopérant, il y avait toujours moyen de s'en sortir. La peur n'est malheureusement pas la meilleure alliée de l'instinct de survie. Les petits discours de Jigsaw, sur fond d'images stroboscopiques des moments clés, avec en musique le thème de la série à base de violons, constituaient de véritables conclusions montrant l'action sous un autre éclairage. Pour moi Saw c'est avant tout ça. C'est ce petit moment à la fin, où on se rend compte qu'on s'est fait manipulé tout comme les victimes et où l'on repasse en revue le film pour essayer de comprendre comment on en est arrivé là.
Pour cet ultime volet, il n'y a clairement pas d'échappatoire. Hoffmann est un boucher qui a transformé « l'héritage » de Jigsaw en jeu de massacre. Personne n'a aucune chance. Les jeux servent ses intérêts propres, plus que constituant une « mission », ou l'expression d'une pulsion morbide. Il met même directement la main à la pâte (ou au couteau) pour qu'un maximum de sang coule. Le style plein de maîtrise du véritable tueur au puzzle est loin. Il est heureusement aidé par le joueur principal de cet épisode, qui agit tel un robot et suit les instructions bêtement, garantissant ainsi un rendement optimum d'hémoglobine versée.
Tout n'est pas non plus à jeter. Les derniers voiles d'ombres laissés ça et là au cours des précédents films sont levés. Toutes les réponses sont données. Les fans apprécieront et pourront porter un autre regard sur l'ensemble des épisodes.
Dommage. Ce dernier film était nécessaire pour conclure la saga, mais il pêche par son déroulement qui ne propose rien de nouveau et par sa conclusion peu surprenante.
Saw reste tout de même une très bonne série. Il ne s'agit pas de simples films d'horreur, mais d'un thriller psychologique teinté d'horreur se développant sur plusieurs films.