Après "Dai-nipponjin" et "Symbol", le fou furieux Hitoshi Matsumoto s'attaque au chambara, à ceci prêt qu'il s'agit ici d'un film de sabre sans aucun combat, les intentions du cinéaste iconoclaste étant toute autre.
Confiant le rôle principal à un non-professionnel vivant près de chez lui, Matsumoto se sert une nouvelle fois d'un genre extrêmement codifié pour mieux le détourner, se l'approprier, utilisant le film d'époque pour mieux s'interroger sur sa condition d'amuseur publique, sur la mécanique du rire, transposant ainsi à l'écran ses angoisses et ses doutes à travers le destin tragi-comique d'un condamné dont le besoin de faire rire est littéralement une question de vie ou de mort.
Un point de départ aguicheur qui donne lieu à une mise en abîme pertinente et plus d'une fois troublante, renforcée par la folie douce de Takaaki Nomi, tellement bon que l'on se demande plus d'une fois s'il joue réellement. Avec son humour bien à lui, Matsumoto, en plus de faire rire, touche au coeur sans jamais en faire trop, refusant pertinemment de jouer la carte du happy end attendu, préférant brouiller les cartes et surprendre.
On regrettera alors une mise en scène un brin accessoire en regard de ce qu'est capable Matsumoto et surtout un rythme sacrément casse-gueule mais ce n'est finalement pas grand chose face à ce que dégage un film aussi atypique que "Saya Zamuraï", oeuvre aussi décalée qu'émouvante, d'une sincérité à toute épreuve.