Sayat Nova - La Couleur de la grenade par anarion21
Je me pose toujours la même question lorsque ma route croise ce genre de films, est-ce toujours du cinéma ou est-ce quelque chose de plus essentiel encore, comme un rappel des possibilités d'expression du medium.
Ce qui est certain, c'est que dans notre monde où chaque image, même sursignifiée, est aussi parfaitement transparente, un film comme Sayat Nova est important. En effet, un tel hermétisme en fait forcément un objet non identifié. Tout n’est que symbole, enchainement de symboles qui nous sont étrangers, refus de toute narration vraiment suivie, rien auquel on pourrait se raccrocher.
Et pourtant ! Je crois que l’étrangeté si caractéristique est, à la manière d’un Oncle Boonmee, une des clés qui peut nous rattacher à ce film. Méconnaissant parfaitement la référence attachée à la religion chrétienne arménienne, je ne focalise mon attention que sur l’image en elle-même, l’image et le son, et surtout je ne perçois pas le symbole mais uniquement la charge symbolique que le film lui donne. Si l’on va encore plus loin, ce qui frappe, c’est la beauté intrinsèque de ce qui nous est montré, les couleurs, les gestes associés au lyrisme de la musique et du chant.
Dès l’introduction, le cinéaste se propose de dévoiler la vie d’un poète mais de rendre visible son monde intérieur, son monde de création. Reprenons à présent les trois mots qui nous sont spontanément venus à l’esprit : Beauté, Lyrisme, Symbolisme. Après cela, qui peut encore douter que Sayat Nova soit une réussite éclatante et un film fascinant ?