Premier long-métrage du fameux réalisateur italo-américain, j’avais quelques appréhensions à propos de ce film. En effet, la plupart des biographes date le « début véritable » de sa carrière de Mean Streets, qui ne sortira que quatre ans plus tard. Et pourtant, ce film m’intéresse finalement beaucoup. C’est maladroit, ça part parfois dans tous les sens et pourtant, ça regorge de promesses. Et il est assez confortable de savoir qu’elles seront concrétisées par la suite.

On est en 1969, Blow Up est sorti depuis trois ans, un vent de liberté souffle sur le cinéma mondial. Mais surtout, cela fait presque dix ans que John Cassavetes a lancé son entreprise de révolution du cinéma américain et inspire certains jeunes loups cinéphiles. Et, dès les premières images de ce film, c’est justement à Cassavetes que l’on pense, celui de Shadows en particulier. Même mouvement qui ne semble pas vouloir s’arrêter, même spontanéité, même volonté d’insuffler un rythme, une rythmique de la caméra. Ce n’est absolument pas un hasard si le film est lancé par un morceau de rock et le passage à tabac semble absolument chorégraphié. Et ce sentiment est appelé à revenir tout au long du film à de nombreuses reprises.

Mais Who’s that knocking at my door n’est pas seulement l’ersatz d’un film cassavetien et Martin Scorsese n’est pas une groupie sans idées. C’est au contraire un jeune réalisateur enthousiaste qui semble vouloir immédiatement marquer son territoire et les esprits. On assiste ainsi rapidement aux détours de quelques scènes fantasmées à de véritables expérimentations. Je pense en particulier à une scène où le personnage principal, un jeune italo-américain (comme Scorsese lui-même) fantasme l’amour physique avec une prostituée. Sur un montage très rapide, on assiste à une danse qui jamais ne tombe dans la vulgarité, et où les transitions sont assez fascinantes. Très beau.

Un peu trop enthousiaste peut-être, le futur maitre n’échappe pas à certaines « erreurs de débutant ». Par exemple, le piège du cinéphile qui tient absolument à placer, longuement même, un dialogue sur The Searchers, qui n’a que peu à voir avec ce qui est à l’œuvre chez ce personnage. On a également la sensation que Scorsese ne prête qu’une attention plutôt modérée à ce que raconte son film, que le scénario n’est pour l’instant qu’une trame autour de laquelle il peut développer son cinéma. Il ne semble pas savoir véritablement que faire de ce drame qu’il relate et n’avoir en réalité pas grand-chose de spécifique à en dire. Une véritable réflexion plus cadrée devrait tempérer la spontanéité. Cela viendra. Cette histoire, qui n’est autre que celle de Little Italy et la sienne propre, sera en effet le fil rouge de toute sa carrière.

En bref, c’est une bonne entrée en matière et je suis plutôt positivement surpris de l’audace de la réalisation.
anarion21
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le 7 nov. 2013

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