Memento mori, peinture post-apocalyptique, cérémonie du deuil, réflexion post-humaniste, longue plainte élégiaque, "Sayônara" est tout ça à la fois et bien plus encore.


Il débute comme un film de SF classique, avec l'annonce médiatique de la catastrophe, mais très vite Kôji Fukada reprend la main, nous faisant comprendre que ce qui va suivre va sortir des sentiers battus. Et la promesse est plus que tenue, ces 112 minutes ne ressemblant à rien de connu. On pourra certes parler d'une influence tarkovskienne, retrouver les éléments chers à Fukada tels que faux-semblants et altérité, mais force est de constater, qu'on adhère ou non, que l'expérience est singulière.


Par son propos parfois abscons, entre actes au sens bien nébuleux et discours un brin sentencieux, et surtout son rythme, le plan fixe devenant presque frénésie. Mais progressivement tout ce langage, qu'il soit au premier degré ou cinématographique, fait sens, car après tout l'attente de la mort, son acceptation, réclament dépouillement des affects, patience et sérénité face à l'inéluctable.


Mais ce "Sayônara" ne décrit pas seulement l'agonie d'un être, sa momification dans une scène ahurissante où le plan fixe, encore lui, sert au mouvement, au passage du temps, car Fukada qui est l'un des réalisateurs japonais contemporains les plus politiques (Il suffit de se rappeler de son "Hospitalité", sorte de "Parasite" où il faisait déjà jouer l'étonnante Bryerly Long) alerte aussi sur son sarcophage, ce monde où Fukushima et Tchernobyl ont existé, où l'androïde en fauteuil roulant tient lieu d'encyclopédie, de mémoire, mais surtout de compagnon fidèle appelé à nous survivre.


Le sentiment n'existe plus dans une société qui fait appel à des critères inhumains pour décréter qui mérite de (sur)vivre, n'est-elle pas déjà morte lorsqu'elle trie en fonction de l'origine, de la réussite sociale, de la moralité ? Logique alors que l'(in)humanité tire sa révérence, laisse sa place à l'intelligence artificielle.


Qui elle sera capable de retrouver les fleurs. Ou peut-être juste de les voir...

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le 18 déc. 2021

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