C'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes

On peut dire que c'est un bon film.
Chapot, dirai-je même, pour évacuer maintenant mon envie urgente de faire ce mauvais jeu de mots.


Bien, prend en considération, sympathique lecteur ponctuel ( le lecteur fidèle me connait, lui depuis le temps, je ne vais pas lui réexpliquer, à lui ) que je ne suis pas plus versé qu'un autre en cinéma nippon, voir même un peu moins, c'est un cinéma dont je ne fais que tapoter la surface pour le moment.
En la matière, d'autres sur ce site sont bien plus compétents et je ne fais ici que délivrer, négligemment, un petit billet d'humeur post-séance sans grande prétention.


Sazen Tange, le pot d'un million de ryôs - que nous raccourcirons à Sazen Tange pour la suite, même si cela désigne plutôt le héros connu au travers de divers romans et nouvelles - est une comédie à la bonne humeur contagieuse qui ne se limite pas aux frontières nipponne, proposant des scènes universellement compréhensibles, de beaux moments de lâchetés, de quiproquos et autres drôleries qui fonctionnent admirablement bien.
L'aspect comique fonctionne d'autant plus que le décalage est frappant entre l'intrigue bonne enfant et le personnage de Tange - nihiliste apparemment, Wiki me l'apprend - qui impressionne par sa mine patibulaire barrée d'une cicatrice, son bras manquant, sa haute stature et son habileté à jouer du katana.


Outre ce personnage haut en couleur qui fait le sel du film, c'est la présence de Miss Sanzen ( Ofuji joué par l'actrice Kiyozo ) qui m'amusa au plus haut point. Dirigeant une maison de jeu - tir à l'arc et boisson - elle régit son monde d'une poigne de fer, remportant toutes les disputes avec le samouraï, tirant sur sa pipe d'un air décidé. Lorsqu'elle laisse entendre sa voix en s'accompagnant d'un shamisen, on s'arrête, on écoute respectueusement, spectateur comme clients de la maison, tous sont captivés (sauf Sazen). Loin de ces clichés de femme docile, carpette et sans caractère, elle bénéficie d'un énorme capital sympathie. Puis elle n'aime pas les chiards, alors là j'adore.


En bref, pour te résumer la chose car le synopsis est assez lapidaire, il est question d'un pot contenant une carte au trésor offert par un seigneur à son frère cadet en cadeau de mariage. Ce dernier n'en connaissant pas la valeur râle, peste, sa femme finit par le filer aux ramasseurs d'ordures qui l'offrent au fils de l'un d'eux. Le père du gamin, adepte de la salle de tir, fini par mourir bêtement attaqué et laisse un fils orphelin et - oui, c'est drôle - celui-ci est recueilli par la maîtresse de la maison dans laquelle il allait tirer à l'arc (et pas autre chose) et par le samouraï au grand cœur. Il sert dans ses bras un pot dont personne ne réalise la valeur.


Au-delà de son aspect simplement comique, on s'étonne de trouver tant de figures de femmes fortes, que ce soit Ofuji ou bien la femme de Genzaburo - le jeune marié - qui mène son homme à la baguette, avec moins de caractère que la belle maîtresse.
Le film étant sorti en 1935 une époque au contexte troublé entre Mandchourie envahie, pressions internationales, militarisation de la société et guerre sino-japonaise approchant à grands pas, je pensais vraiment trouver des personnages masculins sur-virilisés et une glorification du guerrier. Si Tange n'est pas manchot... avec un sabre, le rôle de la femme est constamment mis en avant et c'est agréable.


Capitalisant avant tout sur sa galerie de personnages attachants et son trio principal, Sazen Tange ne prend pas son spectateur pour un sceau, ni un pot, et le fait sourire béatement et s'attacher à ce couple atypique, un peu brut de décoffrage mais au cœur d'or tout en proposant une intrigue simple mais pas dénuée d'un charme tout japonais.


En prime une bande-son sympathique mais qui prend parfois trop le pas sur les dialogues et une pellicule de bonne qualité, malgré quelques sauts, coupures un peu grossières et petits défauts très mineurs.
Mais quand c'est de si bonne facture, on peut pinailler.

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le 15 août 2015

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Petitbarbu

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