Difficile de vous parler de ce film après les critiques de real folk blues et de RKM, mais baste ! Essayons tout de même, vous n'aurez qu'à voir chez eux pour compléter...


Tout d'abord, il s'agit d'un des trois seuls films qui nous restent de Sadao Yamanaka sur la vingtaine pondue en sept années de jeunesse, avant d'aller crever de la dysenterie au fin fond de la Mandchourie à l'approche de sa trentième année...


On ne sait finalement plus grand chose de ce jeune homme oublié, on sait qu'un Kurosawa tout jeune alla le voir impressionné sur le tournage de Pauvres humains et ballons de papier, on sait qu'il filmait un peu ses jidaigeki comme son ami Ozu ses gendaigeki, et on sait au moins que Sazen Tange est un petit bijou.


Le pot d'un million de ryôs raconte l'histoire d'un pot, si, si, dont la valeur, je vous la donne en mille, représente effectivement le million prévu de par le plan d'une cachette au trésor qui se trouve sur lui.


Ce pot prend un malin plaisir à quitter son légitime propriétaire toujours un peu avant qu'il en apprenne la véritable valeur, et nous, un peu comme dans Le Million de René Clair, on suit les aventures de ce pot et des types qui lui courent après...


Sauf que là, à la japonaise, on sait prendre son temps. Comme le dit cette brave moulasse de Samouraï pour convaincre sa harpie de femme de lui laisser de la marge : "Edo est une ville immense, ça peut prendre dix, vingt ans pour le retrouver, c'est un peu comme partir en guerre"... et le bon bougre de filer à toutes jambes dans une maison de jeux et de femmes pour se détendre un peu en attendant que le pot daigne se montrer présentable.


Dans ce petit monde qui se forme tout doucement, avec le gendre noble et son dojo, les éboueurs, le petit garçon aux poissons rouges, un personnage haut en couleur commence à assumer un peu de place, c'est Sazen Tange, héros très populaire dans son pays et qui prend ici les traits de Denjiro Okochi. Malgré un caractère de cochon, un oeil et un bras en moins, le rônin conserve une certaine aisance au sabre et s'est trouvé la planque idéale, nourri logé par la tenancière de la maison de jeux...


C'est un bonheur de voir ce joli couple en action, même le petit Ukhbar se détourne là-bas sur sa commode, quand la patronne attrape son shamisen pour notre plus grand bonheur et le malheur du rônin bougon au crâne sensible...


Il y a des hors champs d'une grande délicatesse dans ce film, une partition parfois admirable, des décors superbes, et un humour d'une grande richesse... J'aime beaucoup quand le rônin borgne croise un mauvais regard dans la rue par exemple, ou bien tous ces petits moments affreusement prévisibles qui arrivent tout de même à m'arracher un grand sourire réconfortant comme un bon bol de bouillon par une nuit d'hiver.


Vie de couple, vie de rue, quartier pauvre et résidence de riches, pêche à la ligne et tir à l'arc, une blague d'enfant, deux grognements... c'est chouette Edo à cette époque, à se demander pourquoi courir comme ça après la fortune quand un bon verre de saké, une jolie fille et une chanson suffiraient au bonheur de tous.


Allez, comme je suis de bonne humeur et que ce film est arrivé ce matin sous mon paillasson par un miracle que je ne m'explique toujours pas, je fais tourner ma copie, n'hésitez pas à la réclamer.

Torpenn
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le 12 oct. 2012

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Torpenn

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