Les vieux films, c'est comme une boîte de chocolat : On ne sait jamais sur quoi on peut tomber.

Donc je regarde toujours avec appréhension, mon esprit critique en état de marche, les anciennes vaches sacrées du cinéma.
Ce film m'intéressait particulièrement. J'avais vu son remake par De Palma, et il m'avait plu (c'est du De Palma!) malgré qu'une scène sur deux ait été allongée jusqu'au grotesque pour qu'on atteigne les 2h40. Comme ce film là ne fait qu'une heure trente, il n'y avait aucun risque de ce côté.
Bref, commençons.

Cela commence mal avec un panneau d'information qui explique que le gangstérisme est un fléau dont le gouvernement devrait s'occuper de manière efficace. A un moment, on voit une scène avec des édiles qui discutent de la manière d'enrayer ce fléau : visiblement il faudrait appliquer la loi martiale. J'ai senti un petit malaise devant ce vent de fascisme à l'époque bien pensant. (Le réalisateur aurait pu se dédouaner en montrant l'absurdité de la prohibition de l'alcool, mais il ne l'a pas fait).
PS : Habeas corpus ne semble ici signifier que passe droit pour les gangsters.

Ensuite, il y a un autre problème avec la direction d'acteurs. J'ai eu l'impression que les 2/3 des acteurs (dont Muni et Karloff) avaient faits une overdose de café pour cabotiner à ce point là. Visiblement l'expressionnisme fit encore des ravages à l'époque.

Cela n'aide pas à faire passer les différents illogismes des personnages :
- le patron de Tony qui attend un très long moment d'insoumission et d'insolences avant d'enfin oser lancer une attaque contre lui.
- la maîtresse successive des 2 hommes qui est d'abord dégoutée par Tony, mais qui accepte ses invitations (alors qu'il n'est pas plus riche ou puissant) et finit un moment par s'exciter devant l'idée de représailles contre les ennemis.
- l'étrange logique des gangsters qui braquent des infirmières pour tuer un blessé à l'hôpital, sans dissimuler leur visage et en se mettant à un demi-mètre de témoins qu'ils laisseront en vie. Et sans être inquiétés. Alors que quand Tony tuera son copain Guino, là les flics interviennent enfin, sans que l'on ait vus de témoins.
- enfin la question de l'inceste. Tony est jaloux que sa soeur voit d'autres hommes, mais il ne la fait pas surveiller, et part (sans explications) durant un mois pendant qu'elle se marie. Beaucoup de femmes aimeraient avoir droit à une surveillance aussi molle. Et surtout, qui dit jalousie dit amour. Mais Tony semble considérer Cesca non comme quelqu'un qu'il aime que comme un morceau de son territoire. Le côté incestueux qu'a voulu donné Hawks semble ici alors faux et gratuit, car il n'y a pas de dimension amoureuse.

Il faut aussi noter quelques petits détails foireux tels :
- Cesca qui (essaie de nous fait croire qu'elle) joue d'un piano, mais celui-ci est à queue. On voit très bien que le mécanisme de toutes les notes est actionné en même temps.
- le juge dans la première version qui lit l'acte d'accusation. Or, la feuille qu'il lit, de notre côté, est à l'envers.


Là, j'ai fait la critique négative, histoire de brûler une idole. Mais je dois reconnaître moult qualités à ce bon film quand même :
- la photographie classieuse,
- le plan séquence de début,
- l'audace (pour l'époque) des scènes d'action et de violence.

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le 20 janv. 2013

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Jibest

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