Le touche-à-tout Howard Hawks est une légende du cinéma américain. Il a accompagné l’arrivée du parlant et celle de la couleur et tourné avec les plus grands dans tous les genres. Mais au sommet du culte de sa filmo, on pourra légitimement placer ce Scarface. Étonnamment, je ne l’avais pas encore vu.
Nous sommes à Chicago en peine prohibition. Le trafic d’alcool va bon train et le marché clandestin est contrôlé par quelques clans qui se livrent une guerre de territoire farouche. Tony Camonte va progressivement gravir tous les échelons en usant et en abusant de la violence dans une épopée sans foi ni loi.
Pour le spectateur du XXIème siècle, Scarface c’est surtout le film culte de Brian de Palma avec Pacino dans le rôle d’un autre Tony. Ce n’est donc pas avec un regard neuf que l’on aborde le film de 1932. La comparaison, ou plutôt le dialogue entre les deux films ne nous quittera pas pendant tout le film. Si la trame narrative est grosso modo la même, ils sont pourtant très différents l’un de l’autre et ne racontent pas la même histoire. Mais chacun exprime l’excès propre à son époque. C’est d’ailleurs une des choses les plus marquantes de ce Scarface 1932. La violence y est particulièrement graphique et omniprésente. Ça flingue à tout va et on ne s’étonnera guerre d’apprendre que la commission Hays a particulièrement détesté ce thriller défouloir. C’est d’ailleurs, un film largement remanié que l’on peut voir aujourd’hui. Du côté des personnages aussi, ça ne laisse pas indifférent. De la vampe Poppy qui changera de bonhomme en fonction de l’évolution des rapports de force à la frangine Francesca dont l’amour fraternel étouffant est pour le moins ambigu en passant par Tony, personnage principal et ordure antipathique, la galerie est chargée. A la mise en scène, c’est l’action et le rythme qui priment. Ainsi, les courses-poursuites en bagnoles sont un futur modèle du genre et les fusillades ne comptent pas les balles. A l’interprétation, Paul Muni est patibulaire à souhait et tout ce beau monde livre une participation hyper expressive que l’on sent toujours inspirée du muet.
Bref, nous tenons là un modèle de film de gangsters, de ceux qui jalonnent l’histoire du cinéma et qui imposent de nouveaux standards. Par un récit parfaitement maîtrisé et une mise en scène efficace, Hawks nous livre un classique qu’on ne peut que conseiller.