Une réussite qui me laisse toujours le poil hérissé. Lorsque je vois ce film, lorsque j'entends la musique enveloppante de Giorgio Moroder, lorsque j'attends les scènes cultes que je connais par coeur, mon pouls s'accélère. Un long métrage violent, ultra violent mais sans démonstration visible, juste parce que tout n'est pas montré ni démontré. Un film qui peut être aussi dangereux par l'influence qu'il peut exercer sur des âmes faibles en recherche de héros sombre... La preuve par le mythe né après coup à propos de Tony Montana et de sa philosophie gangsta adoptée aux forceps par les capitalistes des cités de France et de Navarre dans leur rêve du " tout et tout de suite " Al pacino, vulgaire, grossier à outrance, donne corps et sang à ce pauvre hère de Montana, accent cubain à couper au couteau en VO, prisonnier de droit commun révolté de la révolution castriste, envoyé par Castro avec des milliers d'autres prisonniers ou indésirables vers les USA, puis businessman dévoyé et sans pitié ( pléonasme ), cocaïnomane addict du capitalisme reaganien, alors à son apogée, nous emmène avec lui dans sa folle envie de posséder le monde... Son ascension prédatrice et sans bornes, puis sa chute d'empereur romain le nez dans la poudre blanche, servent de prétexte à une étude minutieuse du rêve américain dans toute sa sécheresse et sa complète amoralité brutale. Tous les acteurs sont sublimes dans leur jeu de petites frappes à la recherche d'un statut social qui leur sera constamment refusé malgré les apparences. Montana sera toujours un voyou, plein de fric certes, mais sans manières et qui tombera forcément parce que trop visible pour pouvoir rester seul à la tête de son nouvel empire. Il veut l'argent, le pouvoir, il veut la femme de son patron.. Seule Michelle Pfeiffer, aristocrate, sobre et lucide dans le rôle, éclaire de sa maigreur froide et translucide ce drame antique et cette plongée dans un monde en perdition. La douloureuse relation trouble et quasi-incestueuse qui unit Tony Montana à sa soeur est bien le reflet à peine déformé de la pitoyable psychologie virile en vigueur chez les apprentis gangsters de toutes origines. "Pas ma mère, pas ma soeur ne doivent subir ce que je fais subir aux autres femmes" ( putes ). L'explosion mortelle de cet amour physique et refoulé chez le petit cubain colérique ne sera que la consécration ultime de ce slogan publicitaire qu'il a fait sien; " The world is yours " et tous, femmes, associés, maitresses, soeur, ami fidèle, mère, voitures ou sociétés immobilières seront les objets vite consommés, jetés de cet hymne libéral...Le rêve Américain dans toute sa splendeur vulgaire...
Un film beaucoup plus complexe qu'on ne pourrait le penser de prime abord et qui se regarde à plusieurs niveaux tout en procurant un plaisir simple et jouissif dû à la transgression impitoyable des règles établies! Une réussite démoniaque de la part de De Palma avec l'aide non négligeable d'Oliver Stone ( Scénario ) pour les touches politiques...
Film de chevet à vie...