"Scarface" ne peut pas laisser indifférent. C'est pas possible. Le destin de Tony Montana ne peut que faire évoquer, ou tout simplement entrainer, et même des fois hélas influencer (ces rappeurs qui se revendiquent comme lui n'ont visiblement pas compris le film). Et quoiqu'on pense de lui, on sera quand même de son côté. Parce qu'on a tous une part de Tony Montana. Cet être dévoré par l'ambition, d'un désir de revanche (il a eu de sérieux pépins avec son didacteur d'origine, évoqué dans la scène d'introduction qui est déjà incroyable à elle seule) ira jusqu’au bout de ses rêves. Au sommet, il se sentira obligé de bruler ses ailes pour pouvoir continuer à survivre. Et cela sans même s'en rendre compte. Tony a compris mieux que quiconque que la fureur et l'audace sont les armes obligés pour s'imposer, ne pas se faire écraser. Mais il finira par écraser ses propres alliés. Il se laissera animer par sa colère permanente jusqu'au point de la Folie. Le monde est à vous... tu parles d'un cadeau... on croit toujours qu'il vous appartient lorsque vous êtes à l'apogée. Mais il n'appartient à personne, et lorsqu'on n'en a pas conscience, c'est la chute, et une chute très brutale évidemment. Tony en fera les frais. Ce n'est finalement qu'une victime du Monde parmi tant d'autres. Sauf que lui, en plus, il nageait dans les eaux trop troubles de la Mafia pour accéder à son Idéal. Il veut que rien ne lui résiste, même la femme. Il n'a pas de réel attachement à elle, mais il a bien compris qu'avec elle, il aura fière allure. Mais Tony sait-il aimer, en dehors de sa sœur ? Sa sœur, Gina, qu'il aime autant, sinon plus, que ses rêves... il tentera, pour elle aussi, qu'elle devienne sa propriété humaine, comme sa femme, ses gardes du corps, sa baraque paranoïaque. Il comprendras trop tard que c'était impossible sans que cela ne se finisse mal. Personne ne lui a appris à être serein. Et personne n'aurais jamais réussi à lui apprendre ça.
Vous l'aurez compris, tout le film se base sur ce personnage et sur cet acteur. Si de Palma foirait ça, il foirait son remake. Heureusement, le personnage est ultra-fascinant et c'est tout bonnement impossible d'imaginer quelqu'un d'autre que Pacino à ce poste (c'est un des rares à être capable d e jouer plusieurs types de mafieux sans être caricatural ou ridicule). Il est très bien mis en valeur par un réalisateur très inspiré, qui fait de lui une icône maudite. Sa mise en scène ne parle même pas pour se faire comprendre: son symbolisme frôle la poésie. Surtout le final, où Tony est tué de dos, sur son balcon, basculant par-dessus bord dans sa piscine, après une scène de folie totale où il est drogué à mort. Là, je me suis instantanément dit "ça y est, le vieux lion furieux est mort". La musique s'élève: tout est fini. l'Empire est détruit. Parce que Tony a désobéi à son propre Monde, pensant qu'il le lui appartenait. Bordel, y' aurait de quoi en faire quelques thèses, sur le scénario béton de ce film ! Les personnage secondaires arrivent quand même à exister, ils rajoutent du sel à la recette déjà excellente, et les acteurs se donnent de nouveau à cœur joie. Ils sont parfaitement écris et servent d'obstacles comme de piliers à cet anti-héros assez inconscient malgré son intelligence irréfutable.
En parlant de la musique: c'est le seul lien réellement temporelle pour cette histoire qui sera à jamais intemporelle. Les années 80, nous voilà ! Outre les chansons de bonnes factures, ce sera surtout les deux thèmes du mésestimé Moroder qui me frappent de plein cœur. Ils sont magnifiques. Le montage est superbement bien ficelé, les décors platoniques, la photographie ensoleillée comme un Miami trop chic pour ne pas receler des excès en tout genre.... tout combine à un véritable rêve de cinéma. En voyant ce film, on devient tous un Cubain exilé politique rêvant de l’inaccessible Étoile. On devient tous Tony Montana, malgré sa monstruosité. "Scarface" est éternel, tout simplement. The world is nobody...

Billy98
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le 23 juin 2016

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Billy98

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