Sciuscia
7.6
Sciuscia

Film de Vittorio De Sica (1946)

La densité narrative et d'action demeurent toujours très surprenantes. Film authentiquement tragique dans le sens où les deux amis seront les victimes innocentes de la misère ambiante (machination chez la voyante qui les conduira en cellule et dénonciation de Pasquale, soutirée de force, à l'origine de l'issue finale). Poignante dénonciation de la détresse sociale d'immédiate après-guerre, du traumatisme laissé par le fascisme (un directeur de prison qui ébauche un salut nazi au cuisinier, par ailleurs indifférent au sort tragiques de ses détenus), des inégalités sociales (les clients des cireurs de chaussures qui remettent à perpète le règlement de leurs dettes par mépris, la monnaie qui n'a plus grande valeur, les avocats des nantis - par ailleurs parfaitement cyniques puisqu'ils suggèrent à leurs client de mentir -"La vérité c'est bon à confesse mais pas au tribunal" dit-il, et ceux incompétents, commis d'office aux démunis), du comportement impitoyable des adultes envers les enfants (abandonnés sciemment à leur sort en prison, par absence d'amour: à commencer par le frère et le père de Giuseppe qui le lâchent sans scrupule, le trio de crapules responsables du coup fourré chez la chiromancienne qui s'empiffrent au resto tout en songeant à relancer l'exploitation des petits cireurs dès leur sortie, le chétif protégé de Pasquale dont la mère délègue la visite à une vague parente - lequel mourra après la projection des actualités au cours de laquelle il aura saisit au vol avec émerveillement une ultime et sublime vision de la houle (la mer sans "e" final ! entre deux bombes larguées dans le Pacifique !), ou l'ainé de la bande dont le père refuse une quelconque aide financière, seul espoir de se relancer).

Toute la première partie dans les rues, aux abords du fleuve, dans un style purement néoréaliste, est magnifique. On pense souvent aux "400 coups" dans cette façon sans fard de filmer les petits gars en cellule, de tenir tête un instant au commissaire ridicule attendant des aveux: "Vous êtes pas si méchant !" dit Pasquale avant de lui clouer le bec par un virulent "J'ai d'ja tout dit !" afin de protéger son copain qui se met à chialer.

L'atmosphère irréelle de la scène finale (pour le coup anti-néoréaliste), avec le cheval partant au loin est juste impressionnante.

Grand film !

Flip_per
8
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le 23 juil. 2023

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