Scott Pilgrim, le Graal des geeks, le film-somme qui malaxe avec une indéniable classe et une mise en scène tirée au cordeau la plupart des sous-cultures récentes, comics, musique, jeux vidéo pour illustrer de manière assez décoiffante une histoire d'amour sommes toutes assez banale entre deux jeunes adultes.
Problème : pour Edgar Wright, le réalisateur, le langage de la bande-dessinée se limite presque à un jeu typographique sur les onomatopées et celui du jeu vidéo à des gros pixels. Son film s'en retrouve noyé sous les gimmicks, plaisants, graphiques, mais un peu vides de sens. Qu'est-ce qui justifie de si nombreuses références aux jeux vidéo ? Le seul personnage un tant soit peu gamer est un jeune mécheux qui joue vaguement à Zelda et Tetris sur sa Nintendo DS.
Le film crâne beaucoup, fier de lui-même et un peu vain. Parfois ça marche : quelques scènes de combat (la première, notamment, parce qu'elle prend par surprise), le pré-gen, le personnage relativement réussi (et le seul à peu près drôle) du coloc' gay. Mais la plupart du temps Scott Pilgrim s'enlise dans ses automatismes. Seule étrangeté : la fascination que semble avoir le réalisateur pour son acteur principal, ses mines ahuries, ses moues embarrassées, son léger bégaiement de jeune puceau, mais une fois de plus Wright ne semble garder du jeu un peu déviant de Michael Cera qu'une série de tics qui finissent eux aussi par tourner en rond.