Scrap est le premier film de Vivian Kerr qui tient aussi le rôle principal. Il s’agit de l’adaptation du court métrage du même nom portant sur Beth, une mère célibataire vivant dans sa voiture. Sa fille, Birdy, est hébergée par son frère Ben, qui ne sait rien de la situation précaire de sa sœur. L’intrigue se focalise également sur ce dernier qui essaie désespérement avec sa femme de concevoir un bébé.
Le film cherche à dépeindre les “nouveaux” pauvres des Etats-Unis, ceux qui ont commencé à apparaître depuis la crise des subprimes. Il s’agit de ces personnes issues de la classe moyenne non habituées à vivre dans la nécessité (et dans leur voiture) et qui tentent par tous les moyens de rester dignes. Car c’est cela le sujet central de Scrap, la dignité. Les quinze premières minutes du film -qui correspondent également à toute la durée du court-métrage - le représentent très bien. On y voit Beth tenter de garder une vie normale et notamment de décrocher un nouveau job.
Mais comme c’est souvent le cas pour les réalisateurs qui adaptent leur premier film à partir de leur court-métrage, le film s’étend en longueur et tourne en rond. On quitte vite le cadre minimaliste de la voiture de Beth pour se retrouver dans la spacieuse maison bourgeoise de son frère Ben. A partir de ce moment la pauvreté n’est plus visible et on n'est plus jamais inquiété qu'elle retourne à la rue : Beth est assurée d'un foyer aimant et protecteur par Ben, elle roule la moitié du temps en Uber, commande tout et n’importe quoi sur Amazon,... Malgré l’épreuve difficile qu’elle est en train de vivre, Beth ne semble jamais évoluer. Elle reste immature durant toute la durée du film et ne semble se réveiller qu’à la toute fin car il faut bien clôturer le film et qu’elle réussisse à retomber sur ses pieds pour correspondre à la morale du film.
Scrap se concentre également sur les rapports entre Beth et Ben, ce dernier ayant quasiment élevé sa sœur suite au décès de leurs parents. Leur relation est attachante et intéressante lorsque Ben ne se doute pas de la réelle détresse de Beth et cherche à comprendre son comportement qui lui paraît incohérent. Cependant, il ne la confronte jamais réellement malgré son envie de l’aider et semble lui passer beaucoup trop de choses. Stacy, la femme de Ben, n'hésite pas au contraire à s'imposer et pour cela on la remercie.
On comprend l’enjeu louable du film sur une famille plus ou moins dysfonctionnelle mais elle rate à être touchante car trop pleine de bons sentiments.
Scrap est sympathique mais un peu trop lissé avec un sujet dur abordé trop superficiellement.