Un début culte, un final renversant... "Scream" est devenu l'un des plus grand succès de Wes Craven.
Après "Les Griffes de la Nuit", Wes Craven nous revient avec ce film rendant hommage au style des films d'horreur des années 80 en s'en appropriant et en les actualisant. Le réalisateur nous livre une nouvelle approche du suspense avec un tueur plus réaliste à l'identité inconnue et des personnages plus travaillés, campés par des acteurs ayant déjà fait leur preuves. Un début culte, un final renversant... voilà un nouveau succès dans le genre de l'horreur!
Après avoir lancé sa dernière série d'horreur à succès "Les Griffes de la Nuit" en 1984 avec le personnage de Freddy Krueger, on ne s'attendait pas à ce que Wes Craven fasse son come-back, d'autant plus avec un style dépassé qui avait eu son époque de gloire dans les années 80. En effet, tout comme les "Halloween", "Vendredi 13" et même autres "Freddy Krueger", le cinéma d'horreur avait vu l'avènement d'un nouveau style particulièrement efficace resposant sur le principe du tueur masqué traquant des jeunes adolescents à travers de longs moments de suspense jusqu'à les tuer un par un. C'est essentiellement pour le succès de ce genre que les suites s'étaient accumulées en masse. Seulement, en cette seconde moitié des années 90, il était évident qu'un nouveau film du même style ne referait pas carton.
Malgré tout, "Scream" parvient à redonner vie à ce genre d'horreur, avec un renouvellement efficace. Déjà, le film bénéficie d'un réalisateur, d'une équipe et d'acteurs qui avaient déjà fait leurs preuves. Le film avait donc fortement de quoi éviter le côté série B en usant de gore et de sexe comme appât. Au contraire, le film que nous offre Wes Craven nous remémore les règles d'un bon film d'horreur tel que ceux du début des années 80 et, même s'il se conforme en partie à celles-ci, le réalisateur se permet de bafouer certaines règles, apportant ainsi une nouvelle dimension aux scènes de suspense.
"Scream" s'ouvre sur une scène culte qui fera de lui une renaissance incontestable des films d'horreurs des années 80. Le personnage de Drew Barrymore, le seul à nous être présenté sur l'affiche, reçoit des coups de fil d'un serial killer lui posant des questions sur des films d'horreur, questions dont les réponses détermineront la vie ou la mise à mort de son petit ami et d'elle-même. Cette scène est magnifiquement bien orchestrée et contient une formidable dose de suspense. Au passage, tout comme beaucoup d'autres scènes du film, cette séquence nous livre des clins d'oeil aux films d'horreurs classiques ("Halloween" étant le favori d'entre eux). La scène, remplie de tension du début jusqu'à la fin, se termine avec le meurtre violent du petit ami et de la fille par un tueur au couteau déguisé en fantôme ("Ghost Face").
Dans "Scream", nous avons affaire à des personnages beaucoup plus travaillés que des adolescents banals, et c'est la raison pour laquelle les personnages principaux, au nombre de trois, resterons en tête d'affiche dans tous les épisodes de la série. Parmi ceux-ci, il y a Sydney Prescott (Neve Campbell), une adolescente passant petit à petit vers l'âge adulte, l'agent de police Dewey (David Arquette) et la journaliste arriviste Gale Weathers (Courteney Cox), Sydney étant de loin le personnage central du film. Victime potentielle du tueur, elle devra faire tout pour lui échapper et découvrir son identité. Entre son petit ami, sa meilleure amie, ses compagnons de classe et même son frère Dewey et la journaliste Gale Weathers, elle ne sait plus à qui faire confiance.
Par conséquent, le spectateur mène lui-même sa propre enquête pour découvrir qui est (ou qui sont) le(s) tueur(s). Alors que les films d'horreur classiques nous présentent un tueur dont l'identité est connue mais non le visage derrière le masque, "Scream" pousse la barre de suspense plus haut en nous faisant redouter chaque personnage comme s'il était le tueur.
Le suspense a également plus de réalisme ici, étant donné les références aux films "Halloween" et autres qui rendent "Scream" plus crédible, comme si les personnages existaient vraiment et regardaient ces films. En tant que spectateurs, nous nous sentons plongés dans la peau de ces personnages, face à un tueur bien réel et non immortel.
Wes Craven réalise un travail plus qu'efficace dans la mise en scène des apparitions de Ghost Face, toutes très réussies. Cela implique également l'excellent travail du monteur Patrick Lussier et du directeur de la photographie Mark Irwin. A côté de ça, même si la musique de Marco Beltrami accompagne fort bien les effets de suspense et d'horreur, on pourra lui reprocher de ne pas avoir donné à "Scream" un thème bien à lui, à l'image de la célèbre musique de générique de "Halloween signée par John Carpenter. Les petits thèmes passent inaperçu malgré leur extrême efficacité et leurs petites touches modernes collant bien au film.
Le point culminant du film est bien entendu la fin, accumulant révélations sur révélations, dévoilant la personne derrière le masque et les raisons des crimes. Vengeance, violence gratuite... Wes Craven se permet aussi une remarque sur le tempérament de certains jeunes de l'époque, désireux de popularité mais aussi assez violents par nature. Il est évident qu'après un tel film, on ne peut s'empêcher de vouloir le revoir, et également de découvrir la suite des événements, même si le tueur sera différent.