(...) C’est la soirée d’ouverture, et ça se passe dans la plus grande salle du Rex. Passé le fait que la décor est vraiment horrible, on se croirait dans un faux Venise construit à Las Vegas, les sièges sont presque tous occupés et l’impatience se fait sentir. Salve d’applaudissements pour les bande-annonces, moins pour la pub du sponsor nrj, et un peu beaucoup plus pour les organisateurs. On n’échappe pas comme d’habitude aux discours même si l’ambiance est un peu plus solennelle que lors des éditions précédentes.
La cérémonie d’ouverture fait honneur au film The Final Girls (Scream Girl en français) de Todd Strauss-Schulson, un slasher méta qui a l’air de bien taché. Max, orpheline suite à un terrible accident de la route dans lequel elle a perdu sa mère – ex-scream queen des années 80 en quête de respectabilité –, se voit propulsée au cœur du film d’horreur qui a fait la renommée de sa maman et va devoir y affronter un boogeyman légendaire. Le réalisateur connaît sa matière et l’exploite à fond, et durant tout le film, il désosse absolument tous les clichés du slasher, des plus anciens au plus récent. Le film commence donc un peu à la manière d’un Scream 2 de Wes Craven, par un film dans le film, en mettant en scène un ersatz de Friday the 13th de Sean S. Cunningham, et au fur et à mesure du long-métrage, tout y passe, le méchant qui ne meurt jamais et apparaît et disparaît comme par magie quand une actrice montre sa poitrine, un ralenti vécu comme tel par nos personnages, des flash-backs qui permettent littéralement de voyager dans le temps et j’en passe. Vous faire la liste de toutes les références serait dans un premier temps beaucoup trop long, et dans un second temps, complètement inutile.
Le long-métrage ne se touche pas trop, et délivre une bonne grosse dose d’humour parfois potache et vulgaire, mais également sensible et intelligent, grâce à tous les niveaux de lectures qui se superposent les uns sur les autres. La mise en scène s’inspire tout autant de ce processus de superposition et propose alors différents points de vues et angles pour une même scène, n’hésitant pas à répéter en boucle certains passages, justifiant ainsi sa propre mise en scène méta enfermé dans des boucles temporelles dont on ne peut se sortir que en finissant le film. Ce qui est très bénéfique au long-métrage, c’est l’absence d’un discours complexe qui aurait pu ralentir son efficacité. À la place, le film nous parle de perte et de deuil, de manière véritablement sensible, allant jusqu’à me faire verser une larme lors d’une séquence finale apocalyptique où il fait pas bon emmerder des pucelles. L’émotion qui traverse le film permet alors une empathie totale avec les différents personnages qui, conscients ou non de leur condition, deviennent tous humains et attachants.
Scream Girl est le film d’ouverture parfait, qui peut se regarder comme une compilation de toutes les émotions diverses que l’on pourra ressentir cette semaine, du rire aux éclats jusqu’aux larmes de crocodiles ; et il s’achève dans les applaudissements amusés d’un public venu nombreux ce soir. (...)
Tiré du journal du festival du PIFFF 2015 : lire l'article entier sur mon site...