Le reboot d'Halloween s'en est mieux sorti avec le premier volet mais Michael Myers a pas mal décliné par la suite, pourquoi pas l'inverse concernant Ghostface ? Allez, on pouvait accorder le bénéfice du doute à Scream V parce qu'il s'assumait avant tout comme une grosse révérence à la franchise et à Wes Craven jusque dans ses (gros) défauts. En déplaçant la suite de la petite bourgade californienne à la grosse pomme, c'est toute une scénographie du crime qui est à inventer. Scream peut enfin régénérer sa voix ?
Trêve de suspense : aucune réinvention des codes n'est à attendre. Changer de ville ne change rien à l'affaire. Ôtez une belle séquence de tension dans la métro New-yorkais, le cadre du film ne joue aucun rôle dans l'intrigue ou son ambiance. Il aurait très bien pu se passer n'importe où ailleurs sans qu'on le remarque. Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett se sont fait la main avec le précédent, ils se montrent mieux aguerris. Scream VI est plus joli à regarder (si l'on peut dire). Quelques idées arrivent à se frayer en chemin : l'introduction est un jeu malin sur les conventions du slasher culte et l'assaut dans la supérette détonne complètement. N'espérez pas plus, les scénaristes James Vanderbilt et Guy Busick ne travailleront aucune de ses pistes. Pire, ils ne savent plus où emmener la franchise.
L'idée d'un retour impossible quand le passé est trivialisé/déformé aurait pu être mise en parallèle avec le discours méta cher à la saga d'horreur (Matrix Resurrections l'a très bien fait). Sauf que ça n'est jamais traité pour de bon. Au lieu de ça, nous avons affaire à un décalque bas du front de Scream 2. Le script ne dissimule même pas son manque d'inspiration. Quand ce ne sont pas les situations en écho, on retrouve des dialogues repris in extenso lors d'une séquence rasoir à mourir rappelant les règles des franchises (qui remplace le terme "suites"). Pas comme si ça faisait 25 ans qu'on les avait intégrées... On passerait l'éponge si Scream VI ne repiquait pas carrément son dernier acte. À ceci près que celui-là dépasse de loin les délires grandiloquents des numéros 2 et 3, en y greffant en plus la bêtise du lien filial (déjà H.S dans le précédent). En à peine vingt minutes, le film passe de slasher acceptable à demi-foirade.
Concernant la mythologie, ce volet est le pire de la franchise. Pourtant, les efforts à la réalisation, le talent du duo Melissa Barrerra/Jenna Ortega et son rythme lui permettent in extremis d'éviter le point de non-retour. À titre personnel, j'ajouterai quelques mises à mort efficaces et les sourires liés aux nombreuses incohérences. Est-ce bien encore sérieux d'associer ce reboot à l'univers de Wes Craven/Kevin Williamson ? Il en reste un à sortir, mais la réponse est déjà évidente.