Cette nouvelle adaptation du célèbre Conte de Noël de Charles Dickens est une commande de Netflix, produite par la société Timeless Films. Le film propose une relecture fidèle de l'histoire originale, mêlant féérie et noirceur au cœur d'une Angleterre industrielle froide. Ebenezer Scrooge y traverse sa rédemption habituelle, guidé par les trois esprits de Noël, dans un récit qui respecte scrupuleusement le matériel source.
Le film bénéficie d'un soin tout particulier dans sa direction artistique. Les décors sont somptueux, capturant avec justesse la rudesse de l'Angleterre victorienne tout en distillant une aura mystique propice au conte. Le contraste entre la froideur des ruelles malfamées et la lumière chaleureuse des souvenirs de Scrooge fonctionne à merveille. Les personnages, quant à eux, arborent des designs réussis, avec une forte identité visuelle. L'intention de rester fidèle au ton du conte tout en insufflant une touche de modernité est louable.
Malgré ces atouts, les limites techniques propres à Timeless Films pèsent sur le résultat final. L'animation, bien que fluide, souffre de textures désespérément dépassées, donnant parfois au film un aspect vieillot en comparaison avec les standards actuels.
Plus problématique encore, les chansons s'avèrent agaçantes et mal intégrées à la narration. Scrooge, figure emblématique de la rudesse et du cynisme, perd en crédibilité chaque fois qu'il pousse la chansonnette. Les morceaux semblent calqués sur les succès de Disney, donnant l'impression qu'Elsa de La Reine des Neiges a pris possession du personnage. Ces choix musicaux anachroniques dénaturent l'atmosphère et nuisent à l'immersion. De plus, Scrooge manque de mordant : son évolution vers la rédemption se fait trop rapidement, affaiblissant l'impact dramatique de sa transformation.
Scrooge, Un (mé)chant de Noël aurait pu marquer les esprits s'il n'était pas freiné par des limitations techniques et des choix artistiques discutables. Si son esthétique et son ambiance immersive en font une adaptation visuellement agréable, son animation datée et ses passages chantés déconcertants entament son potentiel. Une adaptation qui, sans être désastreuse, peine à s'imposer face à d'autres versions plus marquantes du conte de Dickens.