L’intérêt tout relatif que présente Sea Fever réside dans sa volonté de construire un microclimat anxiogène et paranoïaque, loin du grand-guignolesque avec moult effets de montage et effusions de sang. Au contraire, la créature marine impose une présence tranquille, constitue une abstraction qui échappe à toute caractérisation axiologique ; d’autant que les personnages révèlent, pour certains d’entre eux, des motivations tout aussi ambiguës que le monstre qui s’accroche à leur bateau. Le film reste sous perfusions The Thing et The Abyss, deux références qu’il cite mais dont il réussit à s’affranchir via une esthétique de la suggestion qui refuse la grandiloquence pour se concentrer sur le huis clos humain. Cependant, cette position de retrait n’accouche d’aucun moment mémorable et n’élabore pas de tension sur la durée, si bien que la machine tourne rapidement à vide. Nous pourrions interpréter la créature phosphorescente comme une métaphore de la nature soucieuse de punir les pêcheurs qui s’aventurent dans des eaux interdites pour y épuiser les ressources ; mais faute de développements, l’allégorie reste figurative, à l’image de ce long métrage pas désagréable mais fortement dispensable.