Un uppercut cinématographique
Uwe Boll, un des réalisateurs les plus décriés du métier, la faute à des adaptations vidéoludiques la plupart du temps ratées parce qu'étant des simples films de commande. Un exercice à double tranchant. D'un côté, les adaptations commerciales génèrent de l'argent (malgré toutes les critiques, ces films s'exportent assez bien et connaissent un certain succès en dvd) qui lui permet de produire des oeuvres plus personnelles comme Seed, Stoic, ou encore Rampage. Malheureusement, ces adaptations génèrent également une haine aveugle chez certains cinéphiles qui n'hésitent pas à massacrer verbalement et textuellement Boll et à chier sur ses films quels que soient leur sujet et leur fond. En d'autres termes, si Boll avait réalisé Le Parrain, sa note serait d'environ 5 sur 10 sur IMDB.
Cette entrée en matière paraît hors sujet mais ce petit coup de gueule envers les gens qui critiquent le réalisateur plutôt que le film me tenait à coeur.
Je suis parfaitement conscient que je me met dans une position délicate avec cette critique. Seed n'est en effet pas du tout le film le plus défendable de son auteur, encore moins le plus réussi. Néanmoins, il correspondait exactement à l'idée que je m'en étais fait en suivant à l'époque la genèse du projet. Boll a justement fait ce film pour répondre visuellement à ceux qui le traînent dans la boue et mettent des notes abominables à ses films même avant leur sortie. Les premières images étaient plus que prometteuses pour un fan de films chocs et d'horreur graphique comme moi. Et je ne m'étais pas trompé.
Ce film doit être vu comme un exhutoire. Le cri de rage d'un mec qui renvoie la haine qu'il reçoit sous la forme d'un poing dans la gueule pelliculé destiné à la fois à ses détracteurs mais également à toute personne qui désire assister à un film glauque et sans concessions.
Ce film nous présente un psychopathe sans limites, qui absorbe la violence à laquelle il assiste pour mieux la libérer ensuite sur ses victimes. L'utilisation d'images d'archives en introduction a été beaucoup décriée, je trouve pourtant qu'elle a parfaitement sa place dans le message que ce film passe. Le tueur regarde en vidéo la violence que ses semblables font subir aux animaux, en les torturant et en les écorchant vif. C'est le point de départ d'une folie meurtrière qu'il cultivera au fur et à mesure en s'attaquant peu à peu à des cibles de plus en plus humaines. Il se nourrit de la violence que nous renvoit chaque jour la société, et c'est elle qui corrompt son esprit et en fait un monstre d'animosité.
La suite n'est qu'une succession de scènes sombres et violentes. Comme de juste.
Les effets spéciaux (dont certains sont assurés par Olaf Ittenbach, le maître du gore allemand) sont probants et les scènes sanglantes sont globalement plutôt bien foutues. On devine que le budget du film était assez serré, vu que le film n'est finalement qu'une parenthèse dans la carrière de son auteur. La séquence du marteau marque fortement, et même si les trucages se détectent facilement, l'impression d'assister à un meurtre en temps réel reste perturbante.
Le scénario est très mince et ressemble à des dizaines d'autres scripts du même genre. Là n'est finalement pas l'intérêt. Seed a été conçu comme un uppercut et ne sert qu'à choquer. Pour une fois les réactions des spectateurs sont légitimes: c'est un film qui, vu sous certains angles, peut être détestable, peut sembler inutile. Mais c'est également un film qui s'est débarassé des oripeaux auteurisants qu'on applique à nombre de films choquants pour finalement montrer la violence sous sa forme la plus brute et la plus pure. Et rien que pour ça, Seed a le mérite d'exister.