J'ai fait cette blague à tous mes contacts, il n'y a pas de raison pour que la sphère SensCritique ne puisse pas y avoir accès. Normalement c'est Salma mais si je disais Salma Hayek, le terme de "Selma" aurait été perdu au profit de l'actrice. Et quelle actrice, d'ailleurs. Pour moi, c'est l'une des meilleures. Elle a deux atouts principaux qui la différencient par exemple d'une Keira Knightley.
Je mets 6 pour une raison qui va hérisser le poil de beaucoup mais je m'en tape après tout, seul un juge peut me juger. Je mets 6 pour la beauté du geste. Parce qu'on a tous un devoir de mémoire. N'oublions jamais. Non sans déconner. Le racisme, c'est un truc qui me fout les poils. Mais dans le mauvais sens. C'est un truc que je ne tolère pas, comme la faim dans le monde, quelles saloperies. Autant le sexisme bon, voilà, après voilà il faut bien faire le ménage, non mais voilà, enfin je ne dis pas ça pour emmerder le monde, et les femmes, mais c'est une réalité. Dieu a créé des balais, c'est pas pour se les foutre dans les fesses, ni pour jouer au Quidditch. A partir du moment où un homme, de par ses muscles, juge plus appréciable et moins contraignant que ce soit à lui d'aller au "charbon", il faut bien que la maison reste propre. C'est la logique. Le mari part travailler, il voit des publicités dehors, il s'intéresse, il participe pleinement à la citoyenneté de sa ville et de son pays. C'est pourquoi il peut, en toute conscience et avec un intérêt pour son peuple, voter et être digne de confiance. La femme peut à la rigueur voter pour son candidat dans Nouvelle Star mais quel savoir elle acquiert lorsqu'elle déplace les livres de la bibliothèque pour faire la poussière ? Donc le sexisme, je peux comprendre, et vous aussi objectivement, mais refuser le droit de vote aux noirs, c'est intolérable, et on a tous un devoir de mémoire face à ces événements et ce grand homme, à savoir Martin Luther King, père fondateur de la chaîne Burger King et surtout, surtout, scénariste de Martin Mystère, Martin Matin et Télématin mais là ça n'a plus de rapport. D'ailleurs, matin me fait penser à une fameuse phrase de Mesrine qui disait : "Je ne veux pas être le prisonnier à perpétuité de mon réveil-matin".
Comme tout bon biopic qui se respecte, et comme de nombreux confrères depuis 2010 (en fait depuis toujours mais j'ai pas une culture ciné assez étendue), il ne déroge pas à une règle fondamentale : raconter l'Histoire. Je suis en désaccord ! Il ne suffit pas de raconter l'Histoire, il faut aussi la sublimer. C'est peut-être une vision hors de propos, voire carrément fallacieuse, mais pour moi un biopic doit cristalliser un événement marquant, une personnalité historique, il a pour devoir de concrétiser l'euphorie d'une époque, c'est ce pourquoi le film doit exister. S'il ne fait que retranscrire, presque mot pour mot, en suivant une ligne droite sur une page bien quadrillée dans une pièce bien carrée putain, ça ne va pas. Ici, tout est trop léché, tout est trop bien plaqué. C'est de la porcelaine. Un biopic ne doit pas être le miroir d'une vie, il doit en saisir l'essence et la tordre, l’assujettir, lui donner ses lettres de noblesse comme il se doit mais aussi la fracasser, lui broyer toute substance. Un biopic qui raconte, ça ne m'intéresse pas. Je veux de l'âme dans ce que je regarde.
Je ne demande pas une énième merdasse anachronique ou une réalisation qui prendrait le dessus sur le propos, mais au moins une oeuvre qui se démarque un peu. J'ai eu l'impression d'être devant le reboot de Lincoln. David Oyelowo est impressionnant, mais plus par sa voix que par son aura. Le casting est très inégal, seul Tim Roth tire son épingle du jeu. Et c'est un putain d'enfoiré, mais qu'est-ce qu'il est bon.
Puis comme tout est trop lisse, tout le film se ressemble, le fil directeur est tellement linéaire qu'il ne laisse aucune place à des moments suspendus dans le temps qui viendraient sortir le récit de son propos. Seuls les discours, écourtés, donnent de l'épaisseur au film qui manque cruellement d'envergure. Les images d'archives viennent ponctuer une marche qui titube, souvent vautrée dans une crème fouettée à la confiture de myrtilles alors qu'il fallait du rhum, des femmes de la bière nom de dieu !
Cet homme menait un combat contre l'injustice. A 'image des bribes formelles qui viennent séparer le film en différents actes, Selma est trop propre sur soi. Si Ontentiente, putain je ne sais même pas l'écrire ce con, Onteniente, avait été réalisateur, il y aurait eu un supplément d'âme, je vous assure. Une belle grosse déception. Et je fous 5 finalement parce que je me suis auto-persuadé. Je suis mon propre éclaireur. Je suis éclairé. Je suis Chappie.