Il y a dans ce film tout ce que vous allez détester : Fernandel tout d'abord, et puis le monde du boulevard, les petites tournées de province, les mots d'esprits un peu faciles, les citations appuyées, les quiproquos, la défense de la comédie populaire contre le drame prétentieux, et j'en passe...
Moi, je trouve qu'on a rarement fait mieux qu'un Fernandel pour occuper les après-midi de convalescence (à part les westerns, bien sûr, mais je n'en avais plus de neufs..). Un Fernandel, c'est un genre en soi. A part la poignée d'exceptions que tout le monde connait, ils sont facilement interchangeables, d'ailleurs, celui-là, bien sûr, je l'avais déjà vu, mais impossible d'en être certain avant de le revoir, tellement ils se mélangent...
A chaque fois, c'est un bonheur complet d'admirer cette bête, cet animal bourré d'un talent tellement désuet qu'il en devient chaud et réconfortant comme une vieille cheminée à la campagne, avec une couverture sur les genoux. D'ailleurs, c'est le sosie de ma grand-mère, c'est vous dire si ça ravigote.
Ici, Fernandel est Sénéchal, cabotin de huitième zone qui voit sa pièce s'arrêter en pleine tournée. La disparition de ses vêtements de rechange va le forcer à passer la nuit dans la peau d'un légionnaire, avec son costume de scène. Il décide alors de jouer sur la scène de la vie tous ces rôles qu'on lui refuse sur les planches, non sans taquiner de très près escroquerie, charlatanerie et abus de confiance en tous genres.
En plus, le bougre en profite pour les faire toutes tomber, et ça frise parfois le salace, surtout que Nadia Gray est bien cochonne comme il faut...
Alors, je sais bien que ce n'est pas pour vous, je ne me fais aucune illusion, mais pour les rares amateurs, n'hésitez plus, lancez vous dans un cycle Fernandel au plus vite !