Après des années d'attente, on a enfin la conclusion (non voulue) de Sense8. Un épisode final que tout le monde attendait et que Lana Washowski a fini par réaliser avec toujours l'espoir que la série soit relancée mais qui permet de conclure les intrigues posées par la saison 2. Dans ce genre d'exercice il n'y a que 2 options. Soit faire une fin parfaite mais qui reste ouverte (comme Serenity : l'Ultime Rebellion), soit faire une fin ratée et qui n'apporte rien (comme The Final Break, la conclusion de la série Prison Break, dont je ne comprends toujours pas qu'elle existe encore). Et je suis content que l'épisode penche plus dans la première option. Elle n'est pas parfaite et a ses défauts, mais peut - être vu comme un film de 2 heures qui conclue bien la série tout en laissant une porte ouverte pour une probable suite.
On va démonter les critiques français.
Avant d'écrire cette critique, j'ai vu vite fait la critique presse française à ce sujet. Et autant dire que ce n'est pas encore aujourd'hui qu'on va être amis (ils n'ont absolument pas intérêts de ressortir leur critique de Die Hard pour leurs 30 ans car internet va les défoncer bien comme il faut). Leurs principaux reproches sont (et je n'arrive pas à croire ça) que l'épisode en met inutilement plein la vue et abuse de ralenti. Euh...vous avez la série et le nom de la réalisatrice ? Evidemment qu'il y a des ralentis mais il n'y en a que quelques uns et ils ne sont pas inutiles (n'est-ce pas Transformers et Dragon Ball Evolution ?). D'une part si on regarde la série, ils sont toujours utilisés afin de montrer l'unité des Sensitifs et soulignés qu'ils agissent ensemble ou qu'ils sont heureux ensembles (et qu'ils couchent ensembles, aussi). C'est un détail qui est présent dans toute la série. Du coup attendre l'épisode final pour se plaindre de ça...voilà. Et puis l'épisode final n'a rien à envier avec la qualité générale de la série. C'est toujours aussi prenant, bien réalisé et incroyable. Mes craintes étaient plus sur la manière dont ils allaient exploiter le concept maintenant que les membres du cercle se retrouvent au même endroit (à savoir Paris et à la fin Rome, on y reviendra), mais même ça elle a réussi ! On a un épisode au montage exemplaire et à la mise en scène incroyable. Bref, tout est génial, y compris la musique. En revanche je suis plus réservé au sujet de l'exploitation des personnages.
Les 8 ne sont plus seuls
Au niveau des Sensitifs, c'est assez compliqué. Les 8 sont toujours aussi cool mais pas exploités à la même échelle. Will (Brian J. Smith) et Riley (Tuppence Middleton) sont toujours aussi bons en tant que leaders du cercle mais étant donné que leurs arcs respectifs sont finis dans la saison 2, ils sont juste confrontés dans leurs positions de leaders. Chacun à des degrés divers vont se confronter à Whispers mais aussi aux autres sensitifs.. Mais d'un point de vue personnel, il n'y a plus grands choses à raconter (le père décédé de Will n'est pas abordé dans l'épisode et celui de Riley fait son caméo à la fin). Nomi (Jamie Clayton) non plus reste la même que dans la série. Cependant, elle a quand même une pression étant donné qu'elle et Neets sont sur le point de se marier. Capheus (Toby Onwumere) est réduit à être un comic-relief et est le conducteur. Lito (Miguel Ángel Silvestre) est un peu pareil que Capheus. En revanche, les plus exploités à des degrés divers sont Kala (Tina Desai) et Wolfgang (Max Riemelt). Kala hésite toujours autant entre lui et son mari Rajan, et son hésitation sera résolu...de la même manière en gros que Lito (on y reviendra). Cela dit, elle est loin d'être aussi inactive que dans la série principale où elle était réduite à être tiraillée entre Rajan et Wolfgang (et être la chimiste du groupe). Wolfgang (Max Riemelt) qui est bien plus creusé dans cet épisode. Ce qui est étonnant car il est l'un des personnages les mieux développés et complexes du cercle, et Lana Washowski trouve toujours de la matière pour le rendre intéressant. Maintenant qu'il est entre les mains de Whispers, il va finir par découvrir que les liens qu'il a tissé avec le cercle est aussi fort que celui qu'il a tissé avec son "frère" Felix. Et sérieusement son arsenal...ce mec est taré. Quant à Sun (Bae Doona), beaucoup ont reproché qu'elle soit la spécialiste asiatique en art martiaux de services. Ce qui est faux si on l'analyse dans la série, mais c'est le cas dans cet épisode. En effet, comme la plupart des Sensitifs, son arc scénaristique s'est achevé un épisode plus tôt et ici, on sait seulement que son allié et amant le détective Mun est vivant, l'a rejointe à Paris et qu'elle est quasiment exonérée de toutes les charges qu'il y avait contre elle.
En revanche, là où c'est vraiment bien fait, c'est l'exploitation de tous les personnages secondaires et leurs interactions avec les sensitifs qui ne connaissent pas. Cela donne une autre dimension avec leurs personnages. Cela dit, ils ont été faits très progressivement. Par exemple, les mais de Lito Hernando (Alfonso Herrera) et Daniela (Eréndira Ibarra ) ont de bonnes interactions. Pareil que Neets (Freema Agyeman) toujours aussi cool et Bug (Michael X. Sommers) également. Mais ma grande surprise est Rajan (Purab Kohli). Son intégration est à la fois drôle et intéressante et occasionne à Kala un vrai problème de conscience rétabli à la toute fin (enfin...rétabli est un bien grand mot). Bref, au fur et à mesure, ils prennent leur place dans le groupe. Et cela de manière progressive, même si pour certains c'étaient inattendu (comme le détective Mun interprété par Sukku Son qui était un poil forcé). Du coup, on a un vrai esprit de groupe autour d'eux.
Maintenant, passons aux autres personnages. Whispers (Terrance Mann) est comme à son habitude. Un vilain qu'on aime détester. Sauf que cette fois, il est tous sauf en position de force. Le personnage mieux exploité est Lila (Valeria Bilello) qui est plus machiavélique que lui et dangereuse, dans la mesure où elle aussi elle est une sensitive. Jonas (Naveen Andrews) qui n'avait pas livré tout ses secrets se dévoile. Fini, les énigmes, ses véritable intentions sont maintenant dévoilés. Angelica (Daryl Hannah) est aussi bien plus explorée et montre aussi le double jeu qu'elle a du jouer et ses regrets. Les autres sensitifs sont plutôt bien exploité. Le 8e Docteur Sylvester Mc Coy est aussi cool, et on en sait un peu plus sur le moine qui dévoile un pan sur la mythologie de l'homo sensorium.
Love forever.
L'histoire de la série est simple, les sensitifs veulent sauver l'un des leurs et s'engagent dans l'affrontement final contre le BPO. Cela dit, le final, même s'il est assez simple donne les derniers puzzles sur la thématique de la série. Jamie Clayton dans un interview a dévoilé que la série parlait d'amour et que toute la série ne tournait qu'autour de ça. Et elle a raison. La thématique de la série et de ce final, c'est l'amour. Mais l'amour sur toute ses formes. La série parle de l'amour passionnel, l'amour fraternel, de bromance, de passion de sexe, d'amour familiale etc etc. La série ne parle vraiment que de ça. Mais contrairement aux feel good movie, aux romances et aux films érotiques, la série prend tous ces genres pour en faire une oeuvre totale. On sent la relation fusionnelle qu'ont les sensitif en eux au point de conquérir l'impossible. On a l'impression que tout devient facile. Mais ce n'est pas pour autant qu'ils sont invincibles (à plusieurs moments ils étaient à 2 doigts de perdre , n'est - ce pas Kala ?). C'est pour ça que j'aime bien la série et cette épisode, c'est une hymne à l'amour qui peut conquérir l'impossible (et qui fait que 50 Nuances de l'Arnaque mérite bien son surnom). Ce n'est pas pour rien que l'action se situe dans 2 villes réputées pour leurs romantisme à savoir Paris et Rome. Bien évidemment c'est aussi un hymne à l'humanité et la fraternité. En d'autre terme, Sense8 a sa bonne place dans tous les oeuvres cultes des Washowski. Et même si, l'histoire est par moment très téléphonée et traîne en longueur, je ne blâme pas (sérieusement, un mariage avec feu d'artifice à Paris qui dure 1/2 h à la fin, qui refuserait ? Et je ne parle pas de la fin qui envoie 50 Nuances de la bêtise au bac à sable des pires romances).
Fin ou commencement ?
Autant dire tout de suite, Lana Washowski ne voulait pas de ce final. Mais grâce à l'encouragement des fans, elle a réussi à donner une conclusion satisfaisante tout en laissant une porte pour une éventuelle suite. Un happy ending bienvenu pour nos 8 héros après une vingtaine d'épisode de prêt de 2h chacune. Mais qu'est-ce que je peux dire de la série au final ? Et bien qu'il s'agit d'une série dont tous les épisodes sont des chefs d'oeuvres à eux tout seul. Je n'ai pas vu le Christmas Special qui est assez rejeté, mais en 2 saisons, on a pu suivre des personnes ordinaires devenus extraordinaires. J'ai un regret concernant le départ Aml Ameen car il incarnait un Capheus plus innovent, mais Toby Onwumere a donné à son personnage une dimension tout à fait différente. Il s'agit de la première série que j'ai vu sur Netflix et je n'ai pas regretté. Et si le final est un cadeau fait en grande partie pour les fans, ce n'est pas pour autant la fin. L'histoire des Sense8 est loin d'être terminée avec un peu de chances, il reviendront (en espérant qu'ils ne subissent pas le même sort que les Heroes).