Le film est produit par la Batjac, compagnie de production de John Wayne, et il devait en être le héros mais il a dû décliner car il tournait la Prisonnière du désert de John Ford, il proposa alors Randolph Scott avec qui il était ami.
A partir d'un scénario simple et d'une linéarité exemplaire, voici ce qui est considéré par beaucoup de spécialistes du genre (dont je fais modestement partie) comme une véritable perle de la série B. C'est aussi un western important dans la mesure où un véritable auteur se révélait, car c'est en effet le premier western marquant la collaboration entre le réalisateur Budd Boetticher et son scénariste Burt Kennedy, de même que c'est leur première collaboration avec Randolph Scott. Ce coup d'essai sera suivi de plusieurs autres petits joyaux du même tonneau réunissant le même trio Boetticher-Kennedy-Scott, dont l'osmose est totale.
Ce qui est important aussi, c'est que le canevas installé par Kennedy et Boetticher va être celui des 6 autres westerns qui vont suivre avec Randolph Scott, avec les mêmes éléments à chaque fois recyclés : un aventurier solitaire en quête d'une vengeance, confronté à des types plus douteux que méchants, le tout dans le décor de rochers de Lone Pine près de la Sierra Nevada. Malgré ce canevas de base, chaque film sera différent tout en ayant des personnages qui se ressemblent ou des situations similaires.
Loin des considérations psychologiques qui marquaient le western à l'époque, en pleine vogue de "sur-western" (symbolisé par le Train sifflera trois fois, la Cible humaine ou 3h10 pour Yuma tourné la même année), le film s'attache à une étude de comportements, en poussant un sujet apparemment conventionnel jusqu'aux limites de son développement.
Ce bon vieux Randy endosse avec détermination sa panoplie de vengeur, emploi qu'il retrouvera dans plusieurs autres westerns, mais les seconds rôles ne sont pas non plus négligés, on y remarque notamment John Larch et surtout Lee Marvin dans une de ces inquiétantes figures de bandits, rôle qui révéla aussi ses grandes possibilités et qui le propulseront plus tard au rang de vedette. La mise en scène de Boetticher est une telle épure qu'elle en devient admirable (il suffit de voir cette sublime scène d'ouverture dans la grotte). En revoyant ce film aujourd'hui, on s'aperçoit combien cette osmose entre une mise en scène rigoureuse et maîtrisée, un scénario intelligent et une interprétation parfaite est remarquable.

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le 16 nov. 2018

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Ugly

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