Sept jour en mai fait partie, avec entre autre Docteur Folamour et Point Limite, de ces films sorties quasi simultanément qui spéculeront sur la situation politique d’alors. On est sans doute dans les années les plus tendus de la guerre froide, difficile alors pour les cinéastes de l’époque de penser à autre chose.
Voici donc un parfait film de studio, avec son casting en béton armé, composé de stars plutôt sur la fin (Lancaster, Douglas, Gardner) et d’excellents seconds couteaux, une intrigue superbement écrite et ficelée, des décors intérieurs simples et efficaces. La mise en scène classique et limpide de l’ami Frankenheimer s’intègre complètement dans cette idée d’un film, ou rien ne doit dépasser. Seul bémol, la toute fin du film qui est un peu en demi-teinte.
Je pourrais m’arrêter là et j’aurais dit l’essentiel sur ce superbe film de politique fiction, mais il y a un point que je trouve particulièrement passionnant, et je veux en parler donc…
J’ai évoqué précédemment le fait que 7 jours en mai représente une sorte d’idéal du film de studio des années 50, mais la toute première scène ne correspond pas à cette description, c’est un peu l’exception qui confirme la règle. Cette dernière montre des manifestants de bords opposés, défilants devant la Maison Blanche, rapidement ça dégénère en affrontement avec coups de pancartes et intervention musclé de la police. Dans cette séquence la réalisation de Frankenheimer dérape complètement, lorsque la manif’ commence à partir en sucette la caméra se met à bouger, le montage s’accélère et devient plus ou moins cohérent. Pourtant dès la scène suivante et pour le reste du film tout redevient normal et classique, ce qui n’est pas un hasard puisque l’intégralité des scènes suivantes se déroule dans les hautes sphères du pouvoir et donc de l’ordre établit. Frankenheimer à des années d’avance, la seule scène ou il nous montre une partie de la contre-culture, en gros des jeunes avec des pancartes « peace », sa mise en scène annonce les changements à venir dans le cinéma américain. En filmant de cette manière la jeunesse contestatrice, il montre le désordre qu’elle suggère, la volonté de changement qui l’imprègne et en nourrit sa réalisation. En 64, trois ans avant le début officiel du nouvel Hollywood, Frankenheimer nous dit que les choses ont, ou vont changer.