September est peut-être l'un des films les moins engageants de Woody Allen. Un huis-clos étouffant dans une vieille bâtisse de campagne où les marivadauges le disputent aux lourds secrets de famille, on va dire que Woody a déjà fait plus joyeux... Pourtant avec de la patience, toute la profondeur et l'intelligence du scénario finissent par éclore. Sous des dehors bavards (une impression renforcée par l'unité de lieu), September cache une histoire dialoguée avec beaucoup de finesse, trouvant le juste équilibre entre le naturel et l'écriture pour révéler une de ces réflexions sur les hasards de la vie dont Allen a le secret.
Au coeur de l'intrigue, trois portraits de femmes riches de nuances qui prouvent encore une fois que le New-yorkais sait y faire en la matière. Le duo Mia Farrow / Elaine Stritch campe un couple mère/fille extrêmement touchant et surprenant, encore plus à mi-parcours avec une révélation qui fait passer la frivole matriarche pour un monstre. Le personnage de Dianne Wiest apparait légèrement moins intéressant car plus archétypal (une jeune mère de famille partagée entre le désir de séduire et la peur de trahir ceux qu'elle aime).
Les ficelles sont classiques, mais Allen les manipule avec une belle dextérité. Il use malicieusement de tout ce qu'il a sous la main (musique, son, climat) pour détruire artificiellement les barrières du huis-clos, donner ce qu'il faut de dimension métaphysique à son récit, et accoucher d'un exercice de style formellement brillant en dépit de son apparente sobriété.