7 : bon mais quelques remaniements s'imposent !

Attention spoilers.

Un bon film dans la plus pure tradition des romans/films de formation, quoique le sujet soit rebattu : un père fondant tous ses espoirs sur son fils, un jeune homme (Omar Sharif) ignorant la dure loi du plus fort et à qui l'on tente de voler l'argent qu'il transporte pour autrui, la femme éternellement vénale qui use de ses charmes pour abuser un innocent, le mariage sur un coup de tête pour casser les pieds du chaperon moralisateur etc. Non parce que Mohassab, c'est quand même, un adolescent en pleine crise de rébellion conte l'autorité : "non mais je te dis que je suis un homme ! La preuve : j'épouse la première venue ! Na ! Et puis c'est moi le fils du chef, alors je fais ce que je veux !". Bref, une accumulation d'ingrédients utilisés depuis la nuit des temps et qui dissuaderaient rapidement un spectateur.

Pourtant, est-ce dû à l'exotisme du cadre et au dépaysement de la culture et de la langue, j'ai trouvé la tension bien maintenue malgré un sujet sans surprise. On se demande bien comment Mohassab va faire pour se dépêtrer de Narguess. Car, comme le veut un happy end digne de ce nom, il faudra bien qu'il retombe dans les bras de Ward, la charmante fleur bleue !

Malheureusement, il y a parfois quelques longueurs, avec par exemple la répétition de ficelles dramatiques archiconnues : Narguess (Hind Rostom) tentant à plusieurs reprises de convaincre Megaheb (Rouchdi Abaza) qu'elle en pince pour lui en dépit de son mariage précipité avec Mohassab. Ce, tandis que l'achat du bateau à moteur et les retrouvailles de Mohassab avec Ward, son amourette de Louxor, sont bâclées en moins de cinq minutes. Personnellement j'aurais bien voulu connaître la réaction de la jeune femme en apprenant que son cher et tendre n'a pas eu trop de quelques jours d'absence pour se marier, envisager de divorcer (pour finalement être veuf ?).

On passera bien entendu sur l'opposition caricaturale entre la danseuse blanche, blonde, dépravée et à la tenue occidentalisée (Narguess), et la jeune fille modeste et effacée (Ward) qui attend patiemment le retour de son Ulysse, lequel a, pour le coup, bel et bien succombé au chant des sirènes. Cela entrerait-il dans le débat initial - amplement traité sous la décennie suivante, notamment dans la filmographie d'Abdel Halim Hafez - sur le tiraillement entre modernité et tradition ?

Mention spéciale également pour les plans que je dirais "tournants" (je ne connais pas le vocabulaire technique), lorsque la caméra filme en continu Ward et Mohassab assis sur la roue d'une aire de battage.

Non franchement, je recommande !
Mellissende
7
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le 24 août 2011

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Mellissende

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