Petits pouet-pouets entre Amis
James Huth est un metteur en scène qui me consterne.
Une telle constance dans une oeuvre est assez hallucinante.
Son Brice de Nice fut une des pires insultes jamais faites à un cerveau d'adolescent.
Son Hellphone fut une des pires insultes jamais faites au cinéma d'horreur.
Son Lucky Luke fut une des pires insultes jamais faites à un auteur de BD.
Cependant, on ne peut pas reprocher à Huth son envie de changer perpétuellement de style et d'approche. C'est beaucoup plus à son honneur que le simple gland qui nous fournit le même film tous les deux ans.
Et je ne citerai pas Onteniente, pour ne vexer personne.
Ah merde, j'ai cité Onteniente.
Serial Lover, le tout premier long-métrage de Huth, joue donc la carte de l'originalité.
L'envie de crée une comédie noire et sordide sur une femme qui convie ses amants pour tous les tuer par pure maladresse aurait pu être très sympa.
L'ennui, c'est que le métrage est ponctué d'effets cartoon d'un autre temps, d'une mise en scène fatiguante, d'effets de montage aussi dispensables que caricaturaux, et d'une bande son en dessous des chaussettes tapissant allègrement le film, et qui finira de vous vous achever quoiqu'il arrive, tant elle souhaite par tout les moyens et à gros sabots appuyer chaque petit élan de comédie noire que le réalisateur tente d'insuffler.
Huth recherche la frénésie à tout prix en souhaitant faire partager la panique d'une Michele Laroque suivant pourtant habilement les directives de son réalisateur, et irréprochable dans son surjeu.
A la place, il ne nous donne qu'un mal de tête, qui jamais ne nous embarque, puisque pour toute une génération de djeunz que nous sommes, appréciant d'ordinaire ce genre de comédie décalée teintée de rouge: il s'agit de remarquer que ce n'est que lorsque celles-ci s'encrent en premier lieu dans une certaine réalité classique, qu'elles parviennent efficacement à rendre leurs personnages sympatoches, pour ensuite réussir, une ou deux dizaines de minutes plus tard, à faire décoller leur intrigue, embarquant avec eux des spectateurs conquis quoiqu'il arrive.
C'est pour cela que je suis convaincu que, tout rougeâtre et irréverencieux que soit Serial Lover, il s'adresse à une autre génération, plus âgée que celle des maitres étalons anglosaxons du genre.
Mais bon, c'est un début dans la longue route du cinéma français mainstream et coincé du cul à s'ouvrir vers de nouveaux horizons (quoique depuis 1998, année de sortie du film, force est de constater que nous n'avons pas beaucoup avancé...).
De petits demi-sourires par-ci par là (dus à la présence des Robins Des Bois, et à la petite scène savoureuse des truands en dernier quart d'heure: "C'est toi qui pues!"), nous empêchent de dire que la totalité du film est à côté de la plaque.
Il n'est donc pas difficile de reconnaitre que, forcément, il s'agit du meilleur film de James Huth.
Mais le fait est là. A la manière de 8 Femmes qui faisait d'une pièce de théâtre un bordel musical poussif et sans âme, Serial Lover faillit à son entreprise, et transforme un scénario archi-théatral en film qui veut trop en faire, beaucoup trop.
Trop hystérique pour être délicieusement cynique.
Trop coincé pour être un Happy Tree Friends bourgeois.
Dommage.
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