L'amour et le lit que Jane Birkin partage avec ses deux amants n'ont sans doute plus le caractère sulfureux ou amoral -ni même l'intérêt- que le film de Robert Benayoun recouvrait peut-être à sa sortie. La comédie a très mal vieilli, pas tant d'ailleurs à cause de sa thématique, qui semble aujourd'hui frivole et dérisoire, qu'en raison de la médiocrité de la réalisation et de la mise en scène.
La maladresse de Benayoun et l'absence de style sont criantes et plombent le récit; d'autant que, si Jane Birkin, radieuse et sensuelle, tire son épingle du jeu, ses deux partenaires masculins sont fades au possible, pénibles dans leur façon, plus snobinarde qu'irrévérencieuse, de faire de l'esprit et de jouer les désinvoltes anticonformistes. Dans l'air du temps, et suivant une idée utopique assumée, le trio incarne la liberté sexuelle et le refus des conventions, une insouciance qui se traduit par la recherche exclusive du plaisir. La démonstration passe par une série de rencontres pseudo-cocasses, par des comportements facétieux qui ont surtout pour effet de stigmatiser une fantaisie puérile et une direction d'acteurs assez nulle.