"On n'a rien inventé", voilà ce que je me suis dit en voyant ce film. Je le savais pourtant, mais à force qu'on me pousse à le voir comme un marqueur de MA génération, j'en avais presque oublié que le polyamour avait été adopté par le passé, y compris dans la foulée des libérations de 68.
Mais ce n'est pas ce que le film a de mieux. Ce n'est pas non plus l'humour absurde, disséminé sous formes de sketchs où des acteurs tels que Michel Lonsdale ou Pierre Étaix profitent de faire ce qu'ils savent faire de mieux – ces interludes m'ont beaucoup fait rire et l'absurde est toujours un peu intemporel. Et ce n'est pas la poésie, moins adroite et qui escompte malheureusement un peu trop que le tournage dans la campagne suffira à faire rêver le spectateur parisien d'une idylle champêtre.
Non, ce qu'il y a de mieux, c'est que je m'attendais à voir un film désenchanté, du genre qui a fleuri après que l'enthousiasme de 68 fut retombé, et dont le rôle était de faire miroiter les modes de vie alternatifs rêvés par le flower power avant de montrer que ces choses tournent toujours mal et qu'on se dise que, décidément, les hippies avaient tout faux. Ici, les choses se passent bien. Pas parfaitement, bien sûr – tout couple a ses hauts et ses bas et le but n'est pas de faire de la propagande d'un couple non-standard –, mais bien. C'est un ton inattendu, rare, et d'une rafraîchissante simplicité propre à redonner foi en les idées nouvelles. À se remémorer, quoi qu'on en pense.