Serpent's Path (1998) - 蛇の道 / 85 min.
Réalisateur : Kiyoshi Kurosawa - 黒沢 清.
Acteurs principaux : Sho Aikawa - 哀川翔 ; Teruyuki Kagawa - 香川照之
Mots-clefs : Japon – V-Cinema – Thriller – Yakuza
Le pitch :
Nijima aide un de ses amis yakuzas à se venger du viol et du meurtre de sa fille, victime d'un "snuff movie". Ensemble, ils kidnappent plusieurs gangsters et les enferment dans un entrepôt désaffecté pour les torturer...
Premières impressions :
Quand on parle de cinéma japonais, la fin des années 90 / début 2000 est une des périodes que je préfère, d’une part parce que j’ai découvert le cinéma japonais à cette époque, et d’autre part parce que ces années ont vu l’apogée de réalisateurs comme Kitano ou Miike. On retrouve dans ces cinémas une forme de misanthropie nihiliste, un doute profond sur l’absurdité de la société nouvelle qui m’a beaucoup marqué et c’est exactement ce sentiment que j’ai retrouvé hier soir en regardant un peu fortuitement Serpent’s Path de Kiyoshi Kurosawa (Shokuzai ; Tokyo Sonata ; Avant que nous disparaissions).
Serpent’s Path est un film peu connu de Kurosawa et pour cause, il s’agit d’un film de V-cinema, c'est-à-dire un film destiné directement au marché florissant des cassettes vidéos de l’époque. C’est une sorte de thriller très lent dans lequel deux hommes dont on sait peu de choses enlèvent d’autres hommes dont on ne sait rien non plus pour les torturer afin de faire la lumière sur le viol et le meurtre de la fille d’un des deux tortionnaires. Cette narration à l’économie pousse le spectateur à chercher le moindre indice pour interpréter ce qu’il se passe à l’écran jusqu’à ce que Kurosawa ne livre la véritable identité et intention de ses protagoniste.
Typiquement c’est le type de film japonais qui m’ennuie un peu pendant le visionnage mais que j’ai envie de revoir à peine celui-ci terminé. L’absurde des situations, des actions et du non-dit laisse la place à de nombreuses interrogations. Si j’osais, je comparerais ce Sepent’s Path à des films comme Gozu ( 2003 - Takashi Miike), L’anguille (1997 - Imamura) ou même Adrift in Tokyo (2007 - Satoshi Miki), parce qu’il dégage fortement ce même sens du nihilisme et de l’ironie mais aussi cette forme d’inconnu sur la raison qui pousse les protagonistes à agir. Si le film de Kurosawa n’a pas du tout les mêmes ambitions que les trois films cités et qu’il ne dispose pas la même qualité intrinsèque, ni de la même force dans le rapport à l’absurde, il m’a peut-être tout autant donné ce sentiment d’avoir voyagé dans un espace temps terriblement inconnu et m’a laissé tout aussi hébété. Ce sentiment est d’ailleurs certainement renforcé par le casting, Teruyuki Kagawa et Sho Aikawa étant deux habitués des tournages de Miike et Kurosawa (Aikawa a même eu un petit rôle dans l’anguille).
Pour conclure, Serpent’s Path est un film qui m’a beaucoup plu malgré son manque de moyen dû à sa destination finale. Il m’a permis de découvrir Kiyoshi Kurosawa sous un autre jour et m’a donné envie d’en voir plus sur ses œuvres passés alors que les deux films vus jusque là (Shokuzai et Seventh Code) m’avaient laissés de marbre. Une belle découverte hélas indisponible de façon légale en France à ma connaissance même si un fansub existe dans les profondeurs du web.