Là où le bat blesse, c'est dans la manière dont le réalisateur mène son film : le rythme y fait franchement défaut et certains plans auraient gagné à être raccourcis tandis que d'autres auraient pu prendre de l'ampleur. Totalement subjectif, certes, mon avis s'appuie néanmoins sur des faits tangibles. En effet, volonté ou non de plonger le spectateur dans un univers grouillant de paroles, certaines répliques et autres dialogues auraient pu être coupés au montage tant ils ne font pas avancer le schmilblick. Le soucis du « trop en dire », de peur d'étouffer le spectateur, ne semble pas être venu à l'esprit du réalisateur, qui semble préférer une bonne mise en scène à l'ancienne où la parole prend allure de décor et de berceuse marine. A flots, le spectateur se laisse charrier par les vagues, même s'il lui est bien souvent nécessaire de sortir la tête hors du hublot pour respirer l'air frais. Perdant alors substantiellement une partie du film, il est frustré mais toujours envouté par cette trogne de flic-hippie campé par Al Pacino.
Heureusement que la prestation du bougre est à saluer pour sauver le film du naufrage des années. Ce poids, alourdissant tout film qui prend de la bouteille, peut tirer un paquebot vers le fond sans crier gare... Et bien malheureusement, Serpico semble être de ceux-là. Même si l'on s'accroche aux armatures pour ne pas tomber dans les flots polaires d'une narration parfois stérile, l'Arlésienne semble sombrer sans qu'on ne puisse rien y faire.