Là où le bat blesse, c'est dans la manière dont le réalisateur mène son film : le rythme y fait franchement défaut et certains plans auraient gagné à être raccourcis tandis que d'autres auraient pu prendre de l'ampleur. Totalement subjectif, certes, mon avis s'appuie néanmoins sur des faits tangibles. En effet, volonté ou non de plonger le spectateur dans un univers grouillant de paroles, certaines répliques et autres dialogues auraient pu être coupés au montage tant ils ne font pas avancer le schmilblick. Le soucis du « trop en dire », de peur d'étouffer le spectateur, ne semble pas être venu à l'esprit du réalisateur, qui semble préférer une bonne mise en scène à l'ancienne où la parole prend allure de décor et de berceuse marine. A flots, le spectateur se laisse charrier par les vagues, même s'il lui est bien souvent nécessaire de sortir la tête hors du hublot pour respirer l'air frais. Perdant alors substantiellement une partie du film, il est frustré mais toujours envouté par cette trogne de flic-hippie campé par Al Pacino.

Heureusement que la prestation du bougre est à saluer pour sauver le film du naufrage des années. Ce poids, alourdissant tout film qui prend de la bouteille, peut tirer un paquebot vers le fond sans crier gare... Et bien malheureusement, Serpico semble être de ceux-là. Même si l'on s'accroche aux armatures pour ne pas tomber dans les flots polaires d'une narration parfois stérile, l'Arlésienne semble sombrer sans qu'on ne puisse rien y faire.
Adrast
3
Écrit par

Créée

le 22 nov. 2010

Critique lue 1.6K fois

9 j'aime

1 commentaire

Adrast

Écrit par

Critique lue 1.6K fois

9
1

D'autres avis sur Serpico

Serpico
Gothic
8

Le journal de l’âne Frank

Serpico est un des seuls Lumet que j'aie eu l'occasion de voir dans ma vie. Je sais, j'ai honte. Mais je me soigne ! Le trouver à petit prix dans un bac DVD tout récemment m'aura donc permis de le...

le 4 oct. 2013

94 j'aime

17

Serpico
Strangelove
8

"I just wanna go some place where I can do my job !"

Serpico est le 5e film de mon marathon Lumet. Sorti en 1974, un peu avant Un Après-Midi de Chien, le film appuie là où ça fait mal, et comporte de nombreux thèmes chers à Lumet, comme la corruption,...

le 31 août 2013

39 j'aime

8

Serpico
Velvetman
8

La mafia en uniforme

Bien après l’analyse du système judiciaire (12 Hommes en colère) et juste avant sa critique viscérale du monde médiatique (Network : main basse sur la télévision), Sidney Lumet met en lumière la...

le 21 janv. 2021

37 j'aime

2

Du même critique

Comprendre l'empire
Adrast
6

Comprendre 1/10ème de l'empire

Avec un titre aussi prétentieux, accolé au sulfureux nom d'Alain Soral, il est facile de frémir, de se dire "merde, lire un truc de facho c'est déjà être un peu facho". Et puis on se dit que ce...

le 17 mai 2013

25 j'aime

5

Persepolis
Adrast
4

Court d'Histoire, long de clichés.

Je partais avec un a priori négatif. Après quelques minutes, j'ai révisé mon jugement pour apprécier l'univers pas si niais et rondouillard que j'imaginais. Puis je me suis ravisé. Tout au contraire,...

le 27 mars 2011

24 j'aime

13

Samurai Champloo
Adrast
5

Douche froide.

D'emblée, Samurai Champloo se laisse regarder en se disant qu'on voit un énième manga détroussé de son scénario, foutu aux oubliettes avec son cousin l'originalité. L'absence d'intrigue est ce qui...

le 23 févr. 2011

21 j'aime

9