Critique de Seul par Zelpha
Sobre quant'à l'interprétation, un beau moment de pure aventure...
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le 4 nov. 2024
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" Homme libre, toujours tu chériras la mer ! " A travers cet alexandrin d'apparence anodine, Charles Baudelaire, dans son poème L'homme et la mer, était déjà parvenu à transcrire la réalité d'une situation vieille comme Hérode. L'individu en quête d'autonomie et de sensation forte, ennemi des contraintes matérielles et psychologiques, verra toujours en la mer une amante extraordinaire et indétrônable. Sans nul doute, Yves Parlier, héros du téléfilm réalisé par Pierre Isoard, a depuis longtemps fait sien ce vers baudelairien.
En effet, ledit téléfilm conte les péripéties de ce "Robinson des mers" lors du Vendée Globe 2000 lorsque, alors en tête de la course pendant près d'un mois, il rencontre des problèmes météorologiques qui entraîneront un démâtage de son voilier au milieu de l'Océan Indien. Après avoir réparé lui-même son navire, sans assistance, puis affronté les cieux et la faim, il mettra un point d'orgue à achever la course en faisant sienne l'une des célèbres maximes de Eric Tabarly : " baisser les bras dans une compétition sous prétexte qu'on ne peut terminer premier est incompatible avec l'esprit su sport ".
Partant, Seul est une oeuvre aux ambitions dantesques. Faire le récit de telles aventures en une durée de 90 minutes est difficile, si ce n'est impossible. Comment parvenir à mettre en lumière, dans le même temps, tant l'immensité que l'intransigeance des océans ? Comment œuvrer et faire comprendre au téléspectateur aussi bien les moments de grâce que les moments de doute du marin, livré aux éléments ? Une telle exécution est complexe. Trop complexe, malheureusement, pour un téléfilm réalisé par France Télévisions.
Pierre Isoard fait, en effet, le choix de segmenter sa production en trois parties. La course, puis le démâtage et les réparations de fortune, et enfin le combat de Yves Parlier contre la faim qui le tenaille. Or, c'est ici que réside l'une des principales erreurs du téléfilm. Si l'ensemble des sujets sont traités, le format court de Seul fait que lesdits points sont simplement abordés voire même parfois à peine effleurés. A titre d'exemple, si la lutte de tous les instants du navigateur pour se nourrir dans les derniers jours de course est évoquée, le téléspectateur ne ressent, à aucun moment, une peur que ses jours puissent être en danger. Si l'on devait résumer cela en quelques mots, il serait bon de dire que la réalisation manque d'une once d'ambition, caractéristique d'une production télévisuelle française du XXIème siècle faite sur le service public.
Dans le même temps, concernant les acteurs, Samuel Le Bihan tient l'affiche en campant le rôle de Yves Parlier. Or, si sa volonté de se transcender est visible à l'écran en vue de faire comprendre la rudesse de l'aventure vécue par le marin au cours de son périple, on regrettera simplement son côté parfois inexpressif, faisant songer à son rôle de policier bourru dans la série Alex Hugo. A plusieurs reprises, on se prend même presque à être surpris de voir Samuel Le Bihan en pleine mer et non, comme d'ordinaire, à l'assaut d'une montagne alpine tant les deux rôles sont à ce point semblables au niveau du jeu d'acteur.
Ainsi, Seul est un téléfilm intéressant qui se laisse regarder sans aucune difficulté, au coin de l'âtre, dans une soirée d'une nuit d'hiver. On regrettera simplement le manque d'ambition du récit qui plombe l'ensemble de l'oeuvre et l'empêche d'atteindre des hauteurs qui auraient permis de faire de cette production un classique du genre.
A titre de comparaison, dans le même type, il est ainsi préférable de voir En solitaire, film réalisé par Christophe Offenstein avec François Cluzet en rôle titre, davantage tourné vers la course et l'aspect humain du Vendée Globe.
Créée
le 14 nov. 2024
Modifiée
le 14 nov. 2024
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