Vu il y a assez longtemps, je me souvenais seulement que Seul contre tous m'avait mis une grosse claque.
Comme j'ai récemment vu et adoré Irréversible et Enter the Void, je me suis dis qu'il fallait que je revoie ce premier long métrage de Gaspar Noé. Certes il reste le choc, mais le film est moins bon que dans mon souvenir.
C'est un concentré de haine et de méchanceté. Il est très difficile de se positionner par rapport au propos, car s'il est clair que le seul vrai but du film est de choquer, avec le message le plus détestable possible, on a quand même l'impression que le réalisateur partage certains points de vue avec son boucher : le dégout des bourgeois, des extrêmes, de l'ordre et de la morale, le carcan de la société en général, l'homophobie, le peu de foi en la nature humaine...
On doit quand même saluer l'interprétation énorme de Nahon, et l'originalité de la réalisation. Celle-ci est parfois vraiment efficace et au service du propos (le "zoom-coup-de-feu", certains cartons...), mais parfois too much voire un peu ridicule ("il vous reste 30 secondes pour abandonner la projection de ce film").
Saluons enfin, et surtout, que c'est le genre de coup de pied dans les couilles du cinéma français qui fait plaisir.
Une scène en particulier est assez incroyable, celle où le boucher commet son meurtre puis panique. C'est un pur moment de folie qui prend aux tripes, une scène hallucinante. Dommage qu'elle débouche sur la rédemption finale, avec son espèce de nauséabond plaidoyer pour l'inceste.
Incroyablement vulgaire, violent, dérangeant car sans aucun recul, mais aussi unique, original et puissant, Seul contre tous m'amène à une conclusion paradoxale : ce n'est pas un excellent film, mais c'est un film qu'il faut voir (à condition d'être prêt...)