Si c'est par un titre d'une chanson du groupe Odezenne que j'intitule ma critique, c'est car j'ai enfin compris cette référence musicale : dans Seul contre tous, le boucher dit : "on naît tout seul, on vit tout seul, on meurt tout seul". Ce qui, en somme, résume bien le film.
Je l'ai vu juste après le visionnage de Carne, premier court-métrage de Noé, qui m'avait bien plu. Ici, j'ai été moins séduite par le fond (voir les errances d'un mec paumé, raciste, violent, sadique et raté pendant une heure et demi) mais la forme, notamment cette voix-off et ce flot continu de paroles m'ont complètement fait chavirer. En effet, cette voix-off rend le personnage du boucher attachant, malgré ses moments de désoeuvrement et le montage (avec des plans qui se rapprochent au bruit d'une balle de revolver) est totalement novateur (n'oublions pas que c'est du Gaspar Noé quand même).
Comme je l'avais remarqué dans Carne, une esthétique à la Amélie Poulain (notamment dans la présentation de la vie du boucher à l'aide des photos au début, bien que Seul contre tous ait été tourné en 1999, soit deux ans avant Amélie) et un étalonnage dans des tons rouge-jaune, mais aussi des gros plans étrangement cadrés (une manie dans ces deux films : cadrer en coupant à la base de la tête) rendent le film à la fois old school mais également familier, malgré l'horreur qu'il raconte. Cette horreur se traduit notamment dans le dernier quart d'heure, et le spectateur est prévenu d'une façon assez déroutante, qui est vraiment inventive et que j'aurais aimé voir au cinéma (quoique, j'aurais vraiment eu peur ...).
La performance de Philippe Nahon est encore plus dingue que dans Carne, et ce film, quoique moins dégoûtant et malsain que Carne, est toujours un pur produit de Gaspar Noé, regroupant ses trois thèmes fétiches (sa trinité) : la Vie, la Mort, l'Amour (et c'est mieux quand c'est mélangé).