Chacun sa Morale Chacun sa Justice
Premier long metrage de Gaspar Noe, Seul contre tous est la pseudo-suite de Carne, un court métrage traitant sur la boucherie chevaline.
Ce film raconte la descentes aux enfers d’un ex-boucher chevalin au coeur d’un Paris froid et sombre.
Gaspar Noe n’est pas du genre a offrir la beauté de l’humanité sur un plateau, il est dérangeant, grinçant et dur, comme son film, comme ses films…
Sorti de prison dans les année 1980, notre boucher tente de remettre les pendules à l’heure dans une société fermement hostile, en crise et abandonnique. Lors d’une prise de conscience se traduisant par une scène morbide de maltraitance sur sa femme enceinte, ce boucher quitte son domicile et se retrouve à la rue face à l’hostilité de la France des sans abris, des banquiers véreux, des amis radins, du refus d’emploi, face à lui même, et avec pour seul compagnon, un pistolet et 3 balles.
Une chute sans fin qui amène le personnage à haïr la société, son entourage, ses proches et lui même.
Les monologues du personnage principal sont les quasi seuls dialogues du film, très durs, nationalistes, voir fascistes, ils décrivent une certaine réalité de pensée qu’on certaines personnes en France, comme si le réalisateur excusait le personnage d’être une belle ordure dévastatrice et violente. Car par ses propres moyens, Gaspar Noe nous fait nous attacher à cet être infâme, on pourrait presque le comprendre, le pardonner… j’ai bien dit presque.
Au fur et a mesure que le film avance, et que le personnage glisse vers une folie vengeresse, nous sommes de plus en plus déstabilisé par le réalisme de cette noirceur, pour finir, et cela après avertissement du réalisateur , sur une scène finale abjecte mélangeant pulsions morbides et conduites incestueuses, bref un vrai cauchemar psychanalytique.
Malgré toute cette noirceur et toute cette abjection nous somme surpris d’apprécier l’oeuvre de Gaspar Noe, par son esthétisme et son extrême violence, il nous replace dans la réalité, pour ensuite nous exploser la pensée en petits morceaux. Comme après chaque visionnage des œuvres de Noé, on ne sort jamais indemne, une sensation nauséeuse nous parcours le corps… et on apprécie.