Peter Landesman semble avoir développé une fascination pour ses sonneurs d'alarmes, qui doivent faire éclater une vérité contre vents et marrées. C'est le cœur de sa filmographie naissante qu'il a traité jusqu'ici de manière classique, bancale et un peu lourde dans des films inspirés d'histoires vraies pas franchement captivant. Ce qui fait l'intérêt de son nouveau film est avant tout de savoir si Will Smith pourrait avoir droit à son come-back. L'acteur étant en pleine perte de vitesse ses dernières années, bossant dans des projets peu concluants et il persiste dans cette voie des œuvres aléatoires pour espérer une nouvelle porte vers la gloire. Mais il ne semble pas que ce soit avec ce film qui va la trouver et il faudra surement attendre Suicide Squad pour voir si une évolution dans sa carrière est toujours possible.


Ici on s'embourbe très vite dans le classicisme des films tirés d'histoires vraies. Le scénario suit le parcours du Dr Omalu de sa découverte du ETC chez les joueurs de football américain jusqu'à sa victoire sur le NFL après une longue campagne visant à le discréditer lui et ses découvertes. C'est assurément la partie la plus intéressante du récit car on plonge au cœur même d'une institution américaine pour en voir ses rouages et ses manipulations. Le football est avant tous une entreprise et les joueurs sont des produits à exploiter et même si la façon qu'à le film de diaboliser le NFL, au point de tomber dans un manichéisme redondant et caricatural, est pas des plus convaincante cela permet quand même de montrer le côté abject et malsain de ceux qui se font de l'argent sur l'exploitation des vies humaines. C'est vraiment cette étude de cette institution qui arrive vraiment à créer un intérêt, aussi limité soit-elle car tout ce qu'entreprend le film, il s'emploi à le faire de manière très forcée. Tout ce qui entoure la vie sentimental du personnage devient vite envahissant, étant écrit sans finesse et jouant beaucoup trop la carte religieuse même si c'est quelque chose qui définit profondément les personnages c'est aussi quelque chose qui possède ses limites. On tombe donc devant un récit moralisateur, pompeux et souvent mal écrit notamment dans certains dialogues laborieux qui joue la carte du pathos et de la grandiloquence. La caractérisation des personnages tant à réduire les choses entre les gentils et les méchants, ceux qui croit au Seigneur et ceux qui se sont corrompus pour croire au football. Et en ça le film devient très américain par son aspect hyper patriotique et religieux même si on nous présente une Amérique corrompue et volontairement aveugle où nous distille quand même une morale très américaine qui contrebalance le cœur du film pour laisser entrevoir un propos beaucoup trop alarmiste et pas entièrement franc. Heureusement l'ensemble trouve quand même quelques nuances à travers des personnages plus intéressants et mieux écrit, à l'image du mentor du personnage principal et de l'ancien médecin du NFL qui aide Omalu dans sa quête de vérité. Ils apportent un discours plus nuancé et moins moralisateur que celui du héros.
Le film n'est pas vraiment soutenu par son casting en plus. Ne choisissant pas entre récit intimiste ou étude objectif d'une affaire, le film va être imprécis dans les deux domaines ayant pour l'aspect enquête une vaste gamme de personnages qu'il traite de manière détachée pour avoir un côté plus froid et inquiétant mais qui empêche certains acteurs de vraiment briller en leurs laissant peu de places. Beaucoup d'acteurs secondaires n'ayant qu'une à deux courtes scènes. Les seules qui auront vraiment la place pour s'exprimer pâtiront aussi de ce traitement bancal et qui se cherche, car même si ils pourront exprimer plus de choses ils seront aussi sacrifier au profit de la reconstitution de ce fait divers. Will Smith offrira donc une performance en demi-teinte. Autant il sera convaincant lors qu'il est au cours des événements de l'affaire, autant il peinera plus à convaincre lors des apartés romantiques et familiales où il se montrera moins juste et plus forcé dans son étalage d'émotions. Gugu Mbatha-Raw qui incarne sa femme aura aussi du mal à convaincre avec son interprétation caricatural tandis que le tout sera surtout sauvé par la justesse d'Alec Baldwin. Il est le seul personnage secondaire qui parvient à exister et créer de l'empathie en plus d'être très bien servi par l'acteur.
Pour ce qui est de la réalisation on est face à quelque chose de très académique. Le montage est linéaire au possible et accentue bien trop le côté alarmiste du film rendant le tout presque irrationnelle. Créer du suspense pour quelque chose dont on connait déjà le déroulement et l'aboutissement à quelque chose de contre-productif et ici ça ne fonctionne pas, entretenant souvent un certain ennui. Ce n'est pas aidé par une musique pompeuse et une photographie assez terne qui rend le film très clinique et aseptisé. La mise en scène de Peter Landesman ne brille pas par son originalité. Il exécute son travail comme un bon faiseur mais ne parvient à donner aucun éclats à son film. C'est globalement maîtrisé mais assez plat comme un grand nombre de films estampillé histoire vraie. Après certains choix sont plus discutables que d'autres, comme la sur-utilisation d'extraits de match de football pour montrer le même problème encore et encore, devant répétitif et lourd, certaines scènes ont un pathos beaucoup trop prononcé tandis que la fin du film est vraiment ridicule dans tout ses aspects.


En conclusion Concussion est un mauvais film. Jamais passionnant, souvent bancal voire même totalement agaçant, il est calibré pour un public américain dans son aspect religieux, excessif et moralisateur qui devient vraiment détestable notamment sur la fin. Il manque cruellement de retenue et surtout de savoir-faire dans l'écriture, Landesman brille surtout par sa lourdeur et son absence de mesure. Surtout que l'ensemble n'est pas vraiment aidé par sa mise en scène, certes maîtrisée mais sans saveur, ou son casting qui finalement ne convainc pas à l'image de son acteur principal qui n'est pas constamment bon et qui cède à la facilité et au caricatural. Ce n'est pas avec ce film que Will Smith va faire son grand retour et on ne retiendra de cette entreprise qu'un aspect pompeux et un ennui profond.

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le 12 mars 2016

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