Je m'attendais à un film clivant, du genre tu adores ou tu détestes. Eh bien pour ma part je l'ai trouvé bien sans plus. C'est un louable effort du jeune réalisateur Gaspard Noé que d'exprimer la rancœur d'un laissé-pour-compte, un type dans une misère affective et sociale telle qu'il exècre tout ce qu'il l'entoure, y compris lui-même.
En nous emprisonnant dans la tête de son protagoniste, dans le fil de ses pensées par une voix off entêtante, Gaspard Noé a trouvé un bon truc (il l'avait en fait déjà trouvé avec Carne en 1992, dont ce film-ci est en quelque sorte l'adaptation en long métrage). Même chose avec les plans qui changent avec le bruitage qui claque comme un coup de feu.
Mais les seconds rôles sont trop sans nuances, la voix off déblatère parfois des trucs qui ne tiennent pas vraiment la route avec un ton trop monocorde, qui ne traduit pas une réelle colère, une réelle haine. Il y a de l'idée et du potentiel, mais de nombreux films ont réussi à traduire l'agonie sociale avec une force plus percutante, plus sordide que celui-ci.
Ceci dit ça se laisse regarder. L'ambivalence entre la compassion et le dégoût pour le protagoniste est assez bien communiquée au spectateur. Et le film se bonifie au fil du métrage. La fin du film est d'ailleurs très bien réussie.