Mars arnacks!
En fait, tu croyais Matt Damon perdu sur une planète inconnue au milieu d’un trou noir (Interstellar) avec Sandra Bullock qui hyperventile et lui chante des berceuses, la conne. Mais non, t’as tout...
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le 11 oct. 2015
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C’était pourtant si évident.
Le genre de moment où on a envie d’exclamer « Mais c’est bien sûr », à la manière d’un Sherlock Holmes devant un indice démêlant tout le fil de sa complexe affaire. Tout était pensé pour arriver à ce moment : la musique résolument disco 80’s, le cosmonaute abandonné sur une planète hostile et qui réussit l’impensable : survivre dans l’attente de secours n’en revenant pas de ce qu’ils voient.
C’est même énervant de ne pas y avoir pensé, tant la séquence parait logique. Callé le superbe Starman du non moins superbe Bowie pendant une séquence de montage alterné où Matt Damon se démène pour survivre, et la NASA se démène pour le ramener. Le tout dans un enthousiasme étrangement communicatif.
Car Seul sur Mars est un nom bien trompeur. Alors qu’on aurait pu s’attendre à un trip contemplatif sur la misère et la déchéance psychologique d’un être solitaire sur la planète rouge, on assiste au parfait guide de survie spatiale en milieu extraordinairement hostile, avec tout ce que cela entraîne de vulgarisation scientifique et de bricolage potentiellement mortel. Le personnage principal nous apparaît alors hyper positif, chose surprenante tant le contexte est tout sauf encourageant.
On aurait aussi pu penser qu’on le verrait pendant une bonne grosse partie du film (voir la totalité) mais non. On s’attarde beaucoup (même plus) sur terre avec la NASA qui cherche une solution a cet épineux sauvetage. Mais de ça en découle deux problèmes : la solitude du personnage est quasi-absente, rapidement évacué par sa prise de contact avec notre planète bleue. De ce fait, tous les dommages psychologiques qu’il aurait pu avoir ne sont pas exploités, ou si peu à la toute fin. Bien sûr, ça va dans la volonté du film de montrer un personnage fort, refusant de renoncer à sa vie (ce qui est logique tant le moindre doute peut s’avérer mortel dans ce genre de cas). Mais de ce fait, on regrettera que la caméra de Scott ne s’attarde pas plus sur les paysages de Mars, sa mise en scène préférant rester très proche du héros, forçant le spectateur à l’accompagner, sans jamais se distancer de son échelle pour juger la pleine mesure de sa situation. Les plans contemplatifs de l’immensité rocheuse rougeâtre manquent clairement à l’appel, ce qui renforce ce sentiment que le personnage de Damon n’est pas si paumé que ça.
Autre problème gênant (pour ma part) est la censure du film. Enfin gênant. Plutôt ridicule. Le début était encourageant, avec cette opération sans anesthésie. Bon ok, on a vu plus gore dans le genre mais ça commençait bien. Le truc ridicule, c’est que le long-métrage censuré ses dialogues, notamment les insultes qu’envoyait Damon à la Nasa. Les « Fucks » étaient ainsi écrits en « F… ». Débile. Je m’imagine mal faire attention à mon vocabulaire dans ce genre de situation. Si jamais, un jour, je me retrouvais coincé sur Mars et qu’on me disait que mon sauvetage était retardé, je me gênerais pas pour faire passer le plus vulgaire des charretier (ou Joe Pesci) pour le plus gentleman des hommes de sa Majesté la Fée. Mais bon, je suis vulgaire de nature.
Du coup, ça nuit à l’immersion, tellement c’est invraisemblable. Le problème vient surtout du fait que c’est un divertissement, fort bien foutu et pas désagréable, mais destiné à tout le monde. Une feel-good movie sur un mec paumé sur Mars, avec des oubliés de la B.O. des Gardiens de la Galaxie.
C’est un film surprenant, au titre mensonger mais quand même efficace, débarrassé de tout le pathos superflu que ce genre de superproduction embarque d’habitude (la petite famille qui attend sur terre, les sacrifices héroïques, les antagonistes mais quand même un peu d’américanisme) et qui s’amuse à nous dire « Mec t’es paumé, mais t’en fais pas, c’est pas la fin ». C’est un film au sentiment étrange, me donnant l’impression d’hésiter entre les messages « la conquête spatiale, c’est trop bien » et « rien ne vaut notre bon vieux plancher des vaches ». Un message peut être laissé à l’interprétation du spectateur. Ce qui serait quand même IRONIQUE quand on connaît la tendance de Scott à vouloir tout expliquer sur ses films.
Mais c’est surtout un film qui propose une séquence sur Starman tellement évidente qu’on s’en veut de ne pas y avoir pensée avant (mais Life on Mars aurait très bien pu faire l'affaire également)
Ou bien, il n’y avait que moi qui n’y avais pas pensé, ce qui est fort possible également.
D’un coup, je me sens seul.
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Créée
le 21 nov. 2015
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