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J'avais presque oublié qu'il peut être parfois si simple de profiter d'un honnête divertissement au cinéma, j'avais presque oublié les douleurs au dos endormies tout au long d'un bon gros machin de 2h30 et qui ne se réveillent qu'avec les lumières de la salle, j'avais de toutes façons presque oublié que ça se faisait encore, les films de S-F normaux, sans explications débiles de l'espace-temps qui va parler à la fille de la bibliothèque dans la poussière, des films où le savoir-faire d'un bon artisan qui a remisé au placard ses folles ambitions de jeunesse font joyeusement passer toutes les pilules, un film à la Ron Howard en quelque sorte et ce n'est pas du tout déshonorant.


Certes, je m'alignerais sans peine sur les grincheux qui regretteront ici ou là un peu trop de hâte dans le déroulement de l'action, le mal du siècle, et surtout dans ce final qui retrouve malheureusement la plupart des accumulations inutiles à la Gravity, voire dans l'extrême fin publicitaire qui essaie de lorgner sur le toupet décomplexé d'une pub Fed Ex de douloureuse mémoire.


Mais il y avait combien de temps que je n'avais pas vu de la S-F à peu près civilisée capable de raconter sans trop de fioritures une histoire simple et prenante à base de pécore oublié dans un champ de patates orange ? De survie en milieu hostile rondement menée ? Sérieusement ? Et ce n'est pas la dernière bouse infâme du vieux Scott dans le domaine qui viendra me contredire, c'est devenu tellement rare de ne pas souffrir toutes les deux minutes au cinéma que je sors de ce genre de film débordant du lait de la tendresse humaine.


Il est bien entendu que ce film n'apportera rien au genre, sera même probablement oublié assez vite et ce n'est aucunement un problème, sa vocation ne dépasse à aucun moment celle de la séance, de ce spectacle si particulier où les gens viennent oublier dans le noir quelques heures de leur vie pour repartir gaillardement avant le crachin disserter à qui mieux mieux sur les avantages du scotch et du chatterton en cas de trou dans le Plexiglas et autres débats aussi oiseux que sympathiques. Profitons d'ailleurs joyeusement d'une histoire où le farfelu reste tout de même la plupart du temps dans un cadre scientifique acceptable (encore que, un parachute pour accélérer, ça surprend au début...).


Profitons également de l'absence d'une grosse partie de ce qui gâche trop souvent si facilement le travail des mauvais artisans. Point ici de gros plans larmoyants sur les parents du héros, ou pire sur la veuve qu'on imagine avec des sueurs froides entourée de l'habituelle fratrie révulsante et obligatoire avec le fils aîné qui sait rester digne la truffe humide, la soeur aux affreuses petites couettes blondes et l'abominable petit dernier, celui qui vire au roux avec une dent en moins et une constellation de tâches de rousseur sur un visage bientôt acnéique. Je ne dis pas que le film ne compense pas ici ou là un peu grassement, mais reconnaissons tout de même que l'on échappe au pire et c'est devenu tellement rare...


Je me rends compte que je suis pris d'une grande tendresse pour Jeff Daniels depuis quelque temps alors que je le trouvais insupportable dans sa jeunesse, je suis toujours admiratif de cette capacité qu'a Hollywood de sortir le meilleur des pots les plus douteux. Le brave Matt, lui, est une moulasse plutôt sympathique et chacun dans le casting y va de son petit clou planté convenablement. Personne n'essaie de commencer dans son coin à bâtir la chapelle Sixtine, ce qui serait un tantinet déplacé, et on se contente de fabriquer ce que les blockbusters ne sont plus depuis longtemps, un divertissement honorable. Je ne demandais pas mieux.

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le 28 oct. 2015

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Torpenn

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