Matt Damon s'ennuie sur Mars... pas le spectateur

Quelques jours après l'annonce de la présence d'eau sur Mars, Ridley Scott sort son 23e film, The Martian (Seul sur Mars), superproduction de science-fiction avec une distribution cinq étoiles.


Quand une mission martienne tourne mal dans un futur proche, Mark Watney (Matt Damon), astronaute américain, se retrouve seul sur la planète rouge. Parviendra-t-il à rentrer sur terre ? Avec ce point de départ excitant, Ridley Scott repasse par la case science-fiction, son style favori.
Mais l'Anglais tourne trop, beaucoup trop, depuis des années. The Martian est son septième film en huit ans. Un rythme effréné qui a pour conséquences beaucoup de bas (Prometheus, Exodus, Cartel) et quelques hauts (American Gangster, Body of Lies). Déjà en préparation d'un nouvel Alien, le réalisateur des mythiques Blade Runner et Thelma & Louise à-t-il une nouvelle fois bâclé sa copie ?
Pour couper court au suspense, la réponse est négative. On retrouve dans The Martian le souffle épique qui est la marque de Ridley Scott. Il n'est jamais meilleur que lorsqu'il se donne le temps de développer ses personnages, comme ici celui de Mark Watney. La première partie du film, huis-clos étouffant autour d'un homme seul au monde, est un grand moment de cinéma.


Meilleur Ridley Scott depuis American Gangster


Tout a été fait pour que la situation semble crédible d'un point de vue scientifique. Les images de Mars sont parmi les plus impressionnantes que le cinéma ait offert de l'astre, à des années lumières de visions dépassées technologiquement de Total Recall ou Mission to Mars. Et Matt Damon est, comme à son habitude, parfait dans ce rôle de Yankee tête brûlée persuadé qu'il va s'en sortir.
Reste une deuxième partie un peu moins emballante, qu'il convient de ne pas dévoiler. La distribution s'en donne pourtant à cœur joie, entre une Jessica Chastaing, chef de mission, et un Jeff Daniels, patron de la Nasa. Le film s'essouffle lorsqu'il met les pieds sur terre et réjouit lorsqu'il a la tête dans les étoiles. Les quelques séquences spatiales rappellent trop Gravity pour échapper à la comparaison et l'ombre de 2001 plane forcément sur l'immense vaisseau lancé dans l'espace.
C'est lorsqu'il existe pour ce qu'il est, à savoir un film de survie, que ce Martian emporte et hypnotise. Car Ridley Scott, 78 ans, maîtrise toujours à merveille sa caméra quand il s'agit de raconter une histoire simple avec les moyens d'une superproduction hollywoodienne. Et le rythme est là, intense, pendant les 2h20 du film. En attendant le nouvel Alien, il s'agit à n'en pas douter de son meilleur exercice depuis American Gangster.

cioran53
8
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le 14 oct. 2015

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