Le réalisateur D’Harry un ami qui vous veut du bien confirme qu’il en a de la suite dans les idées, et dans le pantalon.
Seuls des idiots sont piégés dans des traquenards amoureux. Eh bien non, ou peut-être oui, enfin peu importe, Dominik Moll nous raconte une histoire d’amourS, où la réciprocité a un goût virtuel. Aimer, c’est d’abord aimer aimer.
Dans ce thriller social, entre le causse et Abidjian, les personnages sont aveuglés par leur condition, et s’accroche à l’amour comme à une bouée invisible. Le film avance par chapitre : Alice, Joseph, Marion. L’intrigue est simple : une femme a disparu, qu’est-elle devenue ? Le scénario, tiré du roman éponyme, ne s’embarrasse pas de chouineries longuettes et accumule retournements, sans se la jouer, précis, décisif.
Ce film est brillant car : il prend la peine de faire du cinéma et de porter une question sociale. La structure est ultra maîtrisée et les acteurs mènent rondement la folie (Laure Calamy continue de jouer le personnage cabotin et chafouin habituel, Denis Ménochet est hilarant en amoureux arnaqué, Valeria Bruni-Tedeschi en lesbienne qui se tape de la jeunette : on adore, Damien Bonnard illumine en sauvage nécrophile, et Nadia Tereszkiewicz (atchoum) est une révélation.
Oubliez les doléances de film comme Roubaix une lumière, bassement lumineux sur la lutte sociale ; Seules les bêtes s’intéresse à une France désœuvrée et a le panache de lui offrir le manteau d’un récit (juste histoire de pas nous prendre pour des cons ? Ou bien juste M. Moll fait-il ce qu’on attend de lui, à l’inverse d’autres péteux qui ne respecte pas plus leurs personnages que leur public, à savoir : faire du cinéma ?)
On se demande bien ce que ce film ne FAISAIT PAS à Cannes.