Ce film là on ne pourrait même pas le qualifier de western crépusculaire, la nuit est déjà tombée, les vachers n'existent plus, il n'y a plus que Jack et peut-être son ami Paul qui aspirent encore au grand air, mais on se rend bien vite compte que ce dernier a lui aussi abandonné la liberté pour se conformer à la société. Jack est seul, avec sa jument, il refuse d'écouter, il refuse de se soumettre, de se conformer, il est libre, il va là où il veut, quand il veut, ni la société, ni ses prisons ne sont des limites pour lui.


Et ça c'est beau.


Aussi beau que le retour à la réalité est dur et extrêmement triste, sans jamais trop en faire. La musique sait s'arrêter pour ne faire entre plus que les cris du cheval et le clapotis de la pluie... c'est déchirant.


Ce film c'est la quête, que l'on sait impossible d'échapper à la société, de vivre comme on l'entend, avec ses propres valeurs, sans que l'on vienne l'emmerder. Le héros solitaire, qui va et vient... le punk à chien américain des années 60... j'aime cette figure, mais je la trouve parfois assez mal traitée, notamment dans des films comme Easy Rider, mais c'est peut-être car j'aurai sans doute plus d'attachement à un cheval qu'à une moto, et que parcourir le mode à dos de canasson me vend bien plus du rêve qu'en enfourchant une pétrolette. Reste que l'idée est la même, un type qui veut vire hors de la société, mais que la société ne veut pas laisser en paix.


Encore que, là, j'ai trouvé le personnage du shérif joué par Matthau vraiment intéressant, on est loin du flic haineux qui veut absolument trouver sa proie et le traquer sans répit, il le fait car c'est son travail, sans réelle passion, sans plaisir et il semblerait même parfois vouloir que ce fugitif parvienne à s'enfuir, qu'il l'envie. Peut-être que les représentants de la société sont juste jaloux...


Enfin, dans tous les cas, même si la fin est connue, le film réussi à faire naître une forte tension, on s'attache au personnage de Douglas, à sa jument et lorsqu'il pense à l'abandonner car il s'en sortirait mieux sans elle, c'est déchirant. Et c'est permis par la simplicité du dispositif, un homme et son cheval, traqués dans la montagne.


D'ailleurs toute la partie avant cette traque est très intéressante elle aussi. Je pense notamment aux discutions avec Gena Rowlands, où elle dit qu'elle ne veut rien avoir à faire avec les hommes, mais qu'elle a besoin d'eux pour avec de enfants. On voit également l'évolution qu'elle permet chez le personnage de Paul, son mari, qui devait être comme Douglas auparavant, mais qui s'est attaché, conformé et qui accepte la sentence que la société lui impose. Ce que ça dit en toile de fond est assez beau puisque ça dit que la femme est à la base de la société, que c'est elle qui attache l'homme à un lieu, une terre et des règles, puisqu'elle a besoin de lui pour élever leurs enfants, pour bâtir quelque chose qui ne peut être bâti et où elle et ses enfants seraient des boulets s'ils allaient où le vent les guidaient.


D'où finalement les deux figures du cowboy, le cowboy solitaire qui chevauche vers le Soleil couchant en fin de film et celui qui s'installe avec sa dulcinée à cultiver une terre. Sauf que peu importe lequel on est, la société nous rattrape quoique l'on fasse, sauf que celui qui cultive sa terre a quelque chose à perdre et peut donc être assimilé, civilisé, l'autre non, il restera l'un des derniers mustangs sauvages que tentera d'attraper avec violence et après un long combat Gable dans les désaxés...

Moizi
9
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le 17 oct. 2016

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Moizi

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