Vous cherchiez l'un des meilleurs thrillers jamais réalisé? Il est très probable qu'à la fin du générique, Seven soit l'un des premiers titres qui vous viennent à l'esprit. Ce qui est sûr, c'est qu'il est incontestablement le plus traumatisant.
Apparemment encore marqué par la production désastreuse d'Alien 3, David Fincher était plus que jamais déterminé à s'affranchir des standards hollywoodiens. Dès son générique diaboliquement malsain, Fincher installe (magnifiquement) un univers plus que délétère. Et croyez-moi, cette séquence n'est pourtant pas la plus perturbante.
À peine deux minutes plus tard, nous voilà en compagnie d'un cadavre dont l'agonie ferait passer les crimes d'Hannibal Lecter pour un pique-nique en bord de mer. Et je pèse mes mots. Ce corps n'est que le premier d'une longue série à venir. L'inspecteur Somerset (Morgan Freeman) est à une semaine de la retraite, mais avant, il doit faire équipe avec son remplaçant, David Mills (Brad Pitt). Et comme dernière enquête, quoi de mieux que de traquer un tueur en série porté sur les 7 pêchés capitaux, qu'il utilise comme thème pour ses tueries? Les deux inspecteurs bien différents (l'un est âgé et dépressif, l'autre jeune et idéaliste) vont devoir accorder leurs violons et donner le meilleur d'eux mêmes s'ils veulent mettre un terme au carnage.
Faîtes moi confiance, ce dernier mot est surement celui qui donne le meilleur aperçu de ce que le film nous envoie comme images marquantes. Crimes abominables, saleté ambiante, éclairage évoquant l'apocalypse (superbe photographie de Darius Khondji). Le plus souvent, les deux inspecteurs se débattent dans un environnement nocturne, orageux et pluvieux. Même quand enfin le soleil apparaît, lors d'un épilogue inoubliable, il ne fait qu'amplifier l'atmosphère suffocante qui hante le long métrage.
En un film, Fincher s'impose directement dans la cour des (très) grands, en emballant un film d'une puissance inouïe, doublée d'une réflexion désespérée sur les maux du monde contemporain. Morgan Freeman est absolument magistral dans son rôle de mentor désabusé mais dont la volonté de justice n'a pas disparu. Brad Pitt -tout en finesse- démonte morceau par morceau son image de séducteur. Et enfin, le rôle tueur (mieux vaut garder le nom de son interprète pour la surprise) est incarné à la perfection par un comédien décidément prodigieux. La musique également joue un rôle prépondérant pour créer un climat hostile et âpre. Une excellente trouvaille d'Howard Shore. Un chef d'œuvre absolu.