Après sa première et amère expérience sur « Alien 3 », David Ficher était presque dégoûté du cinéma. C’est la lecture du scénario de « Seven » qui lui donna envie de revenir au commande d’un long-métrage… pour les résultats que l’on connait. « Seven » fut un gros succès critique et publique, propulsant la carrière du réalisateur, et redéfinissant le film de serial killer, quelques années après un « Silence of the Lambs » qui en avait déjà reposé les bases. Le film de Fincher devint ainsi une référence des années 90, mainte fois copiée, jamais égalée.
Dès les premières minutes, passé son générique qui met mal à l’aise, « Seven » nous immerge dans son ambiance glauque. Le thriller dépeint une ville poisseuse à souhait, où la crasse et la violence semblent omniprésentes et ancrées profondément. Ni les actions musclées de la police, ni la pluie battante ne semblent pouvoir nettoyer cet enfer. Deux policiers que tout opposent enquêteront alors sur un serial killer, qui semblent vouloir purifier la ville en exécutant ses victimes à partir des sept péchés capitaux.
Loin de verser dans le buddy movie, le tandem Brad Pitt / Morgan Freeman est particulièrement intéressant. Le premier est un jeune sanguin idéaliste, qui a demandé à rejoindre cet enfer. Le second est un intellectuel sobre, qui ne demande qu’à le quitter. Un rôle dont Morgan Freeman jouera des variantes dans d’autres thrillers des années 90… Quant au tueur, malgré une présence relativement courte, le célèbre acteur qui l’incarne (non crédité au générique de début) en impose, parvenant à faire de lui un des méchants les plus marquants de son époque. Le fait que cet acteur soit aujourd’hui persona non grata à Hollywood rajoute une saveur particulière à un final pour le moins diabolique !
Sur la forme, l’ensemble est tout simplement excellent. Les images sont noires, tranchant avec des éléments ocres (presque infernaux) de la photographie, et les lumières vives des policiers qui tentent d’y voir clair dans un univers qu’ils ne comprennent plus. La réalisation de David Ficher est millimétrée, chaque scène étant un vrai travail d’orfèvrerie. Par exemple, les quelques poursuites sont très efficaces, mêlant des plans sobres à de la caméra à l’épaule, procédé original à l’époque.
Et il y a bien évidemment ces meurtres particulièrement violents et sordides, qui retournent l’esprit et l’estomac du spectateur. Pourtant peu de choses sont montrées (photographies, cadavres). Mais leur représentation, les dialogues, le choc des policiers, leur exécution… et l’attente du suivant créent chez le spectateur un sentiment de malaise et d’oppression comme peu de grosses productions savent le faire.
Un des meilleurs polars des années 90 !