On peut considérer que Seven Swords est le dernier grand film en date de Tsui Hark. Dès lors qu'il a touché au numérique, je trouve que son oeuvre s'est un peu ramollie, car même s'il y a encore de bons restes (évidemment le premier Detective Dee et La bataille de la montagne du tigre), il faut reconnaître que désormais il pense avant tout à la manière dont il va utiliser la 3D, en résulte forcément un résultat un peu moins intéressant pour une séance standard (je me base du moins sur les retours, n'ayant jamais eu cette «chance» de voir un Tsui Hark récent dans ces conditons).
Pour revenir au film, on a donc droit à un divertissement qui transpire de séquences épiques, le tout dans des décors en dur, ce qui fait toute la différence. Le script est réduit à l'essentiel avec un groupe de méchants qui veulent buter tout un village rompu aux arts martiaux à cause d'un décret royal qui l'interdit. À la base, c'est inspiré d'un bouquin classique de la littérature chinoise, mais apparemment, à part l'importance des sept sabres et quelques noms, ça n'a plus grand chose à voir. On a aussi tenté de l'approcher des 7 samouraïs, mais bon le traitement est ici aussi à part. Car justement, les armes sont ici tout aussi importantes que ceux qui les manient, et leur design tue, tout simplement, non seulement leur spécialité mais aussi leur look qui suinte l'artisanat. Et contrairement au chef-d'oeuvre de Kurosawa, les gamins et les femmes finissent par prendre part au combat. Bref, osef de ces comparaisons, mais c'était histoire de faire la part des choses.
À la base, ce film devait donner suite à une hexalogie, mais bon ce genre de projet à HK, ça donne rarement quelque chose, et effectivement le projet n'a jamais abouti. Mais pourtant ça fonctionne très bien comme un one shot. Et même si tous les personnages ne bénéficient clairement pas d'un traitement à égalité, leur présence physique fait le boulot. Tsui Hark fait d'ailleurs rarement dans la psychologie, et effectivement ses personnages se définissent avant tout par l'action, et ça fonctionne à merveille. Et à ce titre c'est blindé de scènes que j'ai beaucoup aimé, tant au niveau relationnel (celle entre les deux coréens - Donnie Yen, qui pète la classe avec ses cheveux longs lui tombant sur les épaules -, et entre la meuf et son frère d'armes qui lui apprend à manier son épée comme une flûte), qu'au niveau chorégraphies qui ne manquent pas d'inventivité et de patate, toujours bien découpées (en tête celle entre les deux murs qui démontre un sens inouï de l'espace). Et puis enfin, c'est quand même assez violent graphiquement, ça ne rigole pas, et en même temps c'est rempli d'un sens assez cosmique dont Tsui Hark a le secret (notamment les femmes et les gamins qui prennent leur destin en main).
Seven Swords est rarement cité parmi les meilleurs films de Tsui Hark, et c'est bien dommage, car c'est vraiment une suite spirituelle à The Blade. Moins définitif, moins radical dans ce qu'il propose, mais formant une sorte de paire bien assortie où l'enfer des armes revêt ici un sens plus positif. Et en poussant le méta un peu plus loin, il peut former une sorte d'arc intéressant avec la série des Detective Dee puisque cela se termine avec le projet de discuter avec l'Empereur... Bref, un film qu'on aurait tort de sous-estimer au sein de la filmo de Tsui Hark, mais même sans parler de toutes ces références pour cinéphiles, c'est juste un sacré bon divertissement action/aventure à l'ancienne qui remplit parfaitement sa partie du contrat, doté de figures charismatiques et d'un sens du rythme qui ne ralentit sa cadence que pour gagner en ampleur (la façon dont chacun est humanisé dernière leurs airs de fous de guerre), voire en émotions (même si je n'aurais pas craché pour un film un peu plus long, on sent que certains backgrounds ont été expédiés).