Severance : un antagonisme réussi ?
Quel pari insensé de Christopher Smith ! Il va réunir, en Severance, deux antagonismes du cinéma : la peur et la comédie. Le scepticisme guette à raison. Comment pourrait-on avoir peur tout en riant des situations horrifiques et dramatiques des protagonistes ? Severance y répond.
Un groupe d'adultes part dans un chalet dans l'Europe de l'Est durant un week-end offert par leur entreprise : Palisade Défense, un fournisseur d'armes. Ces jeunes sont au nombre de sept. Tous donnent un casting assez cliché au film. Mais, c'est grâce à leur talent d'acteur que l'intrigue ne perd pas à crédibilité, ils jouent avec justesse. On trouve en vrac Jill (Claudie Blakley) , l'intellectuelle, Richard (Tim Mcinnerny), le patron sans autorité, Steve (Danny Dyer), le comique, Gordon (Andy Nyman), le lèche-botte du chef, Harris (Toby Stephens), le prétentieux, Billy (Babou Cessay), le noir sympathique, et Maggie (Laura Harris), la fausse-blonde.
Tout ce beau monde devra survivre à un groupe d'ex-soldats de L'Est, dans cette vaste forêt, voulant les torturer à mort. Scénario pas original pour un sou, certes. Mais la force de Severance se trouve dans sa capacité à mêler humour et horreur avec justesse. A la différence d'autres films (Shaun of the Dead), il ne s'agit pas d'une comédie utilisant des ficelles de l'horreur. Rien à voir. On regarde bien un film horrifique, ponctués de plusieurs passages humoristiques, sans désamorcer la précédente ou prochaine scène. On rit et, une minute plus tard, on redoute pour les personnages. Sans que cela paraisse anormal. Christopher Smith ira même jusqu'à glisser une scène dramatique même si elle ne fonctionnera pas totalement. A cause du peu d'affection portée aux personnages. Mise à part ça, Severance n'a aucune autre prétention. Il ne souffre pas d'ambition démesurée de son réalisateur, au contraire ! Il reste humble et offre aux spectateurs un divertissement (avec une pointe de cynisme sur l'armement) d'un très bon niveau. Et même plus, car la réunion de ces deux genres s'avère bien rare, et les cinéphiles le savent.
A la fin du film, on sent que Severance veut juste vous faire passer un agréable moment en sa compagnie, grâce à ce mélange des genres. Pari réussi, alors ? Cette question, à la lecture de l'article, mérite-t-elle d'être posée ?