Pute, mais pas soumise

Malgré quelques lourdeurs que l'on pardonne sans mal à la réalisatrice Sex Doll reste un film efficace et plutôt bien mené, qui tient joliment sur la longueur. Plongée troublante dans le microcosme social de la prostitution de luxe ce conte vénéneux témoigne du rôle peu évident attribué à la jeune Hasfia Herzi, découverte il y a maintenant près de dix ans dans La graine et le mulet ; le franc-parler jubilatoire de l'actrice demeure tangible lors de certaines séquences, laissant pourtant place à une vulnérabilité que l'on ne soupçonnerait pas forcément de prime abord... Quasiment de tous les plans Hasfia Herzi impose sa cinégénie et son caractère tout en se mettant littéralement au service d'un scénario tendancieux, moins trash que véritablement malaisant.

L'ensemble est plutôt bien filmé et Sylvie Verheyde parvient à installer une atmosphère suffisamment réussie pour amoindrir l'effet de racolage suscité par la promotion dudit film. Elle parvient à ne jamais mépriser son héroïne, cette dernière conservant sa dignité tout du long. En définitive Sex Doll se garde bien d'afficher un message féministe ou une quelconque forme d'endoctrinement sociologique, préférant dresser le portrait d'une jeune femme pute mais pas soumise. A noter la présence de la fascinante Karole Rocher au générique, décidément fascinante de dureté et de sex-appeal. J'ai bien aimé.